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XVIe siècle. Quatre fois par an, de grandes foires se tiennent dans la ville où se rendent les marchands et les banquiers d’Italie et d’Allemagne, des Flandres, d’Espagne et du Levant. Par elles se fait la distribution périodique et réciproque des marchandises, s’effectue le commerce international des pays du monde connu. Pour elles, le droit commun a des barrières trop étroites qui cèdent de toutes parts. Les marchandises voyagent en franchise ; toutes les monnaies circulent librement ; l’intérêt de l’argent apparaît licite. Le cadre s’élargit. Une juridiction spéciale fonctionne d’où sortira la juridiction commerciale. Les marchands ont des privilèges ; étrangers, ils ne sont plus des otages ; leurs biens ne sont plus des aubaines ; le droit des gens existe pour eux effectivement. Lyon est une grande ville cosmopolite ; toutes ses forces sont tendues au trafic des marchandises et de l’argent. Les foires font sa richesse et son universelle renommée. »

Cette forte page résume à merveille l’histoire des réunions commerciales qui se créent, — combien cette analogie avec le temps présent est frappante ! — en 1420, c’est-à-dire environ le temps où, Paris occupé par les Anglais et les Bourguignons, la Normandie conquise, une portion du pays asservie au roi d’Angleterre, la France, éprise du besoin de défendre son génie propre et sa vie, se groupe autour du Dauphin, qui semble représenter son âme. Les échevins lyonnais réclament au Régent des foires franches ; ils les obtiennent par les Lettres de Vienne du 9 février 1420. Deux foires étaient accordées ; chacune d’elles devait durer six jours ; elles devaient commencer, l’une le lundi, lendemain du troisième dimanche après Pâques ; l’autre, le 15 novembre.

Les foires lyonnaises eurent de pénibles débuts. Elles durent lutter d’abord contre les foires de Genève, qui attiraient une grande partie du commerce européen, puis se défendre contre les projets de Troyes et de Bourges, de Tours et de Paris. La ténacité lyonnaise triompha vers la fin du siècle. Le sénéchal, un certain jour de novembre 1490, vint lui-même annoncer la bonne nouvelle ; les trompettes « jouèrent et aussi plusieurs menestriez en grande joye et mélodie. »

Pendant toute la première moitié du XVIe siècle, nos Foires triomphent. Elles fournissent alors une partie de l’Europe en draperie, en épicerie et droguerie, en denrées alimentaires et,