Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 32.djvu/787

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

française n’en pourrait-elle pas tirer ? Qui de nous, en voyageant, ne s’est pas indigné de voir par quelles productions immondes notre réputation se trouvait compromise à l’étranger ? Des livres de cette sorte, nous ne les admettrons jamais. Il n’y a pas une littérature française pour l’intérieur et une littérature pour l’exportation. Il n’y a qu’une littérature française, faite du génie de notre passé et de notre présent. Avec quelle joie nous la verrions s’offrir à ces étrangers avides de lecture qui demandent à nous connaître et, pour nous connaître, à nous étudier ! Et, puisque le tourisme, lui aussi, s’est modernisé, puisque les initiatives les plus intelligentes en ont fait une véritable industrie, au sens noble du mot, quel champ d’action ne trouverait-il pas sur un marché où se croisent tant d’acheteurs riches, prompts à discerner ce qui offre un intérêt véritable. Il nous suffit de livrer cette idée à notre Touring-Club pour qu’il l’applique avec ses méthodes ; nous serions audacieux de vouloir lui donner des conseils ; nous nous contentons d’une suggestion.

Au dehors de la France, en dehors de nos possessions, le champ qui s’offre à nous n’a plus de limites et nous ne pouvons songer qu’à donner quelques indications.

Demain, la Belgique se relèvera de ses ruines. Deux ministres belges sont venus étudier nos efforts ; ils les ont appréciés avec une bienveillance que leur pays, nous en sommes sûrs, ratifiera quand la Belgique et la France, à tout jamais isolées de l’Allemagne, devront s’unir plus étroitement que jamais pour la réparation du passé et la préparation de l’avenir.

L’Allemagne aura dressé contre elle, en ennemies irréconciliables, toutes les nations riches. Après l’étroite entente militaire d’aujourd’hui, l’Angleterre établira, sans doute aucun, avec la France une entente commerciale où chacune des deux nations devra trouver son profit. On y travaille, on s’y prépare. Le Comité franco-britannique, présidé par M. E. Boutroux, n’a pas d’autre but. « Il faut, déclare l’un des secrétaires de cette organisation, M. Alfassa, que s’établissent de nouveaux courans où les deux pays alliés puissent trouver l’équivalent des productions qu’ils prenaient en Allemagne, car, seuls, les liens d’intérêt entre les peuples présentent quelque caractère de permanence. » On ne saurait mieux dire. Pour se rendre compte de l’importance de l’œuvre à réaliser, il suffit de parcourir la