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saurait s’en fier à des contrats avec des industries neutres plus ou moins éloignées, qu’on n’est pas maître de hâter au gré des événemens. Qu’on le veuille ou non, de par sa durée, la guerre devient le fait du peuple entier ; elle englobe et met au travail toute la terre nationale.


III

Dans l’air, comme sur le sol, la guerre s’est transformée. Laissons de côté les raids de zeppelins sur les villes ouvertes, actes d’intimidation plutôt que de guerre. L’aéroplane reste le vrai outil de la lutte aérienne, mais il a changé en quelques mois.

Au début, l’aviation n’était qu’un auxiliaire destiné surtout à compléter l’exploration de la cavalerie. On lui demandait de voir. Les Allemands, qui l’avaient organisée d’avance plus fortement que nous, n’en faisaient pas une arme qui combat. On ne demandait à l’avion à peu près que la vitesse. C’est pourquoi le monoplan paraissait le plus indiqué. C’était l’appareil minimum.

Mais, de notre côté, nous eûmes bientôt l’ambition de faire collaborer plus étroitement nos aviateurs à l’œuvre de guerre. lis ne tardèrent pas à nous donner les plus utiles résultats. Non seulement la bataille de la Marne fut la suite d’une exploration aérienne réussie, qui révéla le vide existant entre deux armées ennemies, mais une prouesse de nos aviateurs permit de détruire, le 8 septembre, la moitié de l’artillerie du XVIe corps allemand. On commença bientôt à bombarder les points militaires, et notamment les gares et les batteries. C’est ainsi que, le 16 juin 191S, des batteries allemandes de Givenchy et du voisinage reçoivent 342 obus et 1 000 fléchettes. Les ballons d’observation, dits Drachen, sont attaqués et détruits. Enfin, l’avion s’en prend à l’avion, et nos héros de l’air donnent une chasse victorieuse à leurs adversaires, qui, pendant longtemps, ne songent qu’à fuir.

Chaque jour, on enregistre au moins une dizaine de poursuites de ce genre, qui sont le résultat fréquent des vols d’observation, plus nombreux encore. Certains communiqués nous ont parlé de plus de vingt combats sur le front, celui du