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recherches et les fabrications et à porter chacun des facteurs du succès à son plus haut degré possible. Il ne suffit pas d’égaler aujourd’hui un ennemi qui tend, à tout instant, à se dépasser lui-même. La force qu’on doit affronter n’est pas née au moment où notre préparation la combat, et il faut mesurer nos coups à un adversaire à venir. C’est pourquoi il est nécessaire de voir loin et de faire grand. L’étroitesse, la nonchalance, l’économie mal placée seraient funestes.

Puisque la guerre évolue avant même de s’achever, puisqu’elle est un art vivant et mouvant dans nos mains, c’est quelque chose qui doit nous prendre tout entiers ; il faut la faire non seulement avec tout ce qu’on a, mais avec tout ce qu’on est, mais avec toutes les ressources de l’esprit et de la volonté, avec toutes les richesses des forces vivantes, leur plasticité, qui enveloppe les obstacles, leur souplesse rebondissante sous les chocs, leur passion aux mille visages et leur ténacité à l’invariable étreinte. Jamais, jusqu’au dernier moment, nous n’aurons le droit de nous endormir dans la sécurité d’une formule définitive.


GEORGES BLANCHON.