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que la plupart de ceux qui font cet aveu, reconnaissent la multiplicité de ces pillages collectifs. » Une réponse typique est fournie par les hommes des corps de réserve :


Questionnés sur le point de savoir s’ils n’avaient point assisté ou participé à des scènes de pillage, nombre d’entre eux ont répondu avec une candeur désarmante : « Il n’y avait plus moyen de le faire, les troupes actives étaient passées par là. » Ou encore : « Tout avait été nettoyé et c’est en vain que nous avons parcouru ces maisons aux portes défoncées ; il ne restait plus rien à prendre. »


Ces conclusions du lieutenant Loustalot sur la responsabilité du commandement allemand dans le sac et le massacre de Dinant, trouvent une pleine confirmation dans les dépositions relatées. « Nous allions là comme à l’exercice, sous les ordres et la conduite de nos officiers et de nos sous-officiers, » dit un témoin du 108e d’infanterie. Cet aveu, qui n’est pas unique, résume tout le drame.

On regrettera, sans doute, de ne pas trouver dans le Livre Gris le tableau nominatif des officiers qui assignèrent à leurs troupes cette besogne d’assassins, de pillards et d’incendiaires. La plupart d’entre eux sont connus par le Livre Blanc et par les dépositions des prisonniers allemands ; le Livre Gris se borne à reproduire ces indications dans le corps de ses exposés ou de ses pièces justificatives. Le Gouvernement belge s’est fait scrupule, paraît-il, de publier une liste probablement incomplète et dans laquelle il n’était pas encore possible d’établir le partage exact des responsabilités. L’opinion cependant n’aura pas de cesse jusqu’au jour où une publication officielle donnera les noms des coupables en tableau : la justice exige impérieusement, en attendant d’autres sanctions, que les responsabilités soient individualisées et que ces criminels soient nommément cloués au pilori de l’exécration publique.

Le dossier de preuves rassemblées sur Louvain n’est pas moins impressionnant. Là aussi, la statistique est épouvantable.

Le Livre Gris publie une liste nominative de 210 victimes de Louvain et de 4 communes suburbaines ; Corbeek-Loo, Hérent, Héverlé et Kessel-Loo ; en outre, 16 personnes qui n’avaient pas dans ces communes leur résidence habituelle y ont été massacrées ; 7 cadavres n’ont pu être identifiés ; 7 personnes ont disparu. La liste comprend 186 personnes du sexe masculin et