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REVUES ÉTRANGÈRES

UN NOUVEAU LIVRE DE M. ROOSEVELT


Fear God and take your own part ! par Théodore Roosevelt, un vol. in-8o. New-York, librairie George à Doran, 1916.


Les Américains d’origine allemande constituent l’un des élémens principaux de la population des États-Unis ; et je persiste à croire que l’immense majorité d’entre eux ont l’âme foncièrement et exclusivement « américaine. » Moi-même, par exemple, je suis en partie d’extraction allemande ; et de ces gouttes de sang allemand qui coulent dans mes veines je ne suis pas moins fier que des autres courans « ethniques » qui s’y trouvent mêlés. Mais, avec tout cela, j’ai conscience de n’être rien qu’un Américain ! Un grand nombre de mes plus intimes amis, un grand nombre des hommes que je respecte et honore le plus dans notre vie publique sont, pareillement, des Américains de parenté allemande, ou même des Américains nés en Allemagne. Un Américain de cette espèce, qui descendait d’un colonel de l’armée de Blücher, a été l’un des membres de mon ministère, — où il siégeait à côté d’un autre Américain descendant de l’un des frères de Napoléon. Mais tous les deux n’étaient absolument que des Américains ! L’ouvrage scientifique dont je m’enorgueillis le plus d’être l’auteur, je l’ai écrit en collaboration avec un naturaliste, — mon fidèle compagnon dans mes chasses d’Afrique, — dont les parens étaient Allemands : mais mon collaborateur, lui, est un Américain et n’est pas autre chose ! L’homme qui m’a été le plus proche, au point de vue politique, pendant les dix années de mes fonctions de Gouverneur et de Président sortait, également, de souche allemande : mais lui-même n’était, de fond en comble, qu’un parfait Américain. Quelques-uns des meilleurs soldats et officiers de mon régiment, depuis mon « brosseur » jusqu’à l’un de mes capitaines, étaient de naissance ou de famille allemandes : mais eux-mêmes étaient, uniquement, des Américains. Enfin,