maxime établie par le Congrès de Vienne, au préjudice des petits pays. Mais si chacun donne pour la même cause son plein effort, il n’y a plus de premier, ni de second ordre. Quelle amertume, en revanche, de songer que c’est toujours ici, dans cette même salle, à cette place même, que furent élaborés les actes qui devaient garantir au commerce des neutres la liberté des mers, et de comparer à l’aurore saluée par Cavour, qui cependant ne passait par pour un utopiste, le jour sinistre ou l’horrible nuit dans lesquels la barbarie allemande s’ingénie à étouffer tout progrès et à éteindre toute espérance !
Mais, pour nous en tenir aux quatre séances historiques des lundi 27 et mardi 28 mars 1916, jusqu’à ce que nous ayons reçu de « bouches autorisées, » qui sans doute ne les prodigueront pas, « des informations plus complètes, » nous n’avons de ressource que d’interroger, suivant les règles d’une bonne exégèse, le a résumé très bref du protocole » de la Conférence. Au préalable, et comme introduction, il est utile de noter quelques circonstances de milieu et de moment dont a été précédée ou accompagnée la réunion même de la Conférence. Ni les gouvernemens ni les états-majors n’avaient laissé s’écouler vingt mois de guerre sans prendre contact les uns avec les autres. Soit ensemble, soit séparément, les ministres français, ou plusieurs de. nos ministres, s’étaient souvent rendus en Angleterre ; les ministres anglais, ou des ministres anglais, étaient venus en France. Le voyage à Rome de M. Briand, de M. Léon Bourgeois et de M. Albert Thomas ne date guère que de six semaines. Le général Joffre était allé visiter le front italien ; le maréchal lord Kitchener et le général comte Porro, le front français. Cette prise de contact, on tendait de toutes parts à la rendre et plus étroite et permanente. Tandis que le général Pau faisait un long séjour au grand quartier des armées russes, le général Gilinsky s’installait à Paris. L’Italie, préoccupée de la rareté du charbon et de la cherté du blé, conséquence de la hausse des frets, détachait à Londres en mission spéciale son ancien ambassadeur aux États-Unis, le baron Mayor des Planches. Des comités ou commissions de tout ordre, officiels ou officieux, nationaux ou mixtes, militaires ou commerciaux, d’achat, de transport ou d’approvisionnement, fonctionnaient, au moins de façon intermittente, dans les diverses capitales. On avait senti assez vite, et l’on sentait chaque jour plus vivement, nous ne disons pas l’espèce de faiblesse, ce serait trop dire, mais l’affaiblissement relatif, ou la déperdition de forces, qui résultait de la dispersion, qui s’accusait à mesure que se multipliaient les fronts et que s’étendaient les lignes, et qui faisait que la