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Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 33.djvu/194

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partant du ravin Sud-Est de Beaumont, reprend la lisière Sud-Ouest du bois de la Wavrille. Mais nous sommes arrêtés là par les mitrailleuses. Cependant, les zouaves et les mitrailleuses restent accrochés à la lisière conquise. Derrière eux, les obus pleuvent à gauche sur Beaumont, à droite sur le bois des Fosses. A une heure de l’après-midi, un retour offensif des Allemands reprend d’abord la lisière. Puis, une attaque débordante enveloppe de tous côtés la position Beaumont-bois des Fosses ; Beaumont est tourné par l’Ouest, le bois des Fosses par l’Est. Ce bois est enlevé à une heure et demie. Beaumont, défendu pied à pied, est également perdu. Enfin, à notre aile droite, le bois de la Chaume est également pris.

Il est alors un peu plus de deux heures de l’après-midi. La situation est extrêmement critique. L’ennemi, pour exploiter son succès, vient de lancer une masse fraîche en plein centre de la ligne, à deux kilomètres et demi au Sud de Beaumont, vers Louvemont. D’autre part, devant notre droite, il enlève, après la Chaumière, le bois des Caurières. Ce bois borde un ravin, celui de Bezonvaux, orienté d’Ouest en Est, qui descend vers la Woëvre, comme le bois des Fosses borde un ravin, orienté d’Est en Ouest, qui appartient au système de la Meuse. Ces deux ravins sont pour ainsi dire opposés par le sommet. Ils sont séparés par un isthme Nord-Sud que commande la ferme des Chambrettes. L’ennemi s’empare de cette ferme, et contournant ainsi par la tête du vallon le ravin de Bezonvaux, s’infiltre dans le bois qui forme le revers Sud de ce ravin, le bois de la Vauche. Enfin, à notre extrême droite, en fin de journée, au pied Est du plateau, le village d’Ornes, qui faisait partie de notre première ligne, et qui avait tenu jusque-là, débordé et entouré de trois côtés, par une marée d’ennemis, est évacué par sa garnison qui se retire sur Bezonvaux.

Ainsi, dans la nuit du 24 au 25, nous étions rejetés par notre gauche le long de la Meuse sur Bras, par notre droite sur le plateau vers le point culminant, décisif, occupé par le fort de Douaumont. Entre ces deux points, séparés seulement par un intervalle de moins de cinq kilomètres, notre front se développait en un arc convexe par la côte du Poivre, le village de Louvemont, la cote 378, le bois de la Vauche. Cette position, était comme le bord d’un entonnoir de ravins profonds qui constituait l’intérieur de nos lignes, et qui descendait à la Meuse.