La Chambre des Députes a discuté, dans ses séances des 24 et 31 mars, deux interpellations sur la crise des frets et des transports. La presse en a rendu compte de façon sommaire, et le public n’y a vu qu’un des moindres incidens de cette époque tragique. Notre attention est absorbée par la lutte qui se déroule autour de Verdun. Pour ce qui est de la crise des transports, nous n’ignorons pas que la hausse considérable des articles de la vie courante en dépend. Mais les uns se consolent de cette hausse en usant du moratorium des loyers, en touchant leurs allocations de famille, en percevant des salaires beaucoup plus élevés ou des bénéfices de guerre ; les autres laissent philosophiquement passer la rafale.
Pourtant, il y a, dans cette perturbation des moyens de communication maritimes, plus qu’une affaire d’argent. Nous avons en effet besoin de jouir de la liberté des mers, non seulement pour l’alimentation de la population civile, mais encore pour le ravitaillement de nos armées. Comment nous fournir de houille et d’acier depuis que nos mines de charbon du Nord et notre bassin de Briey sont occupés par l’ennemi ? Comment recevoir l’essence, le coton, le caoutchouc, sinon par mer ? Faute d’en être régulièrement pourvus, les fours des usines qui forgent nos armes s’éteindraient, les canons resteraient sans munitions, les convois automobiles s’arrêteraient au bord des routes... Sans songer à pousser le tableau trop au noir, je voudrais montrer les origines de cette crise nationale, qui traverse une phase particulièrement aiguë, et indiquer les remèdes de nature à la conjurer ou à l’adoucir, persuadé que ces remèdes sont à notre portée.