Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 33.djvu/808

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour seul collaborateur. Et le soleil a bien fait les choses. A l’heure fixée, il a donné rendez-vous à ses deux bonnes ouvrières : la lumière et l’ombre. La première a fait étinceler dans les vitraux du chœur les ors et les rubis, tandis que, dans la rosace au-dessus de la porte, la seconde faisait concourir à des effets de clair-obscur les topazes, les émeraudes et les saphirs. Quelle joaillerie, dans quel écrin !

Lorsque, entouré de tout son chapitre, le Cardinal Archevêque de Paris quitta le chœur pour aller recevoir au seuil de la maison de Dieu le Président de la République, ce fut une minute de grande et sainte émotion. Ce fut, dans ce tout petit espace, la France de nos traditions, la France de notre glorieuse histoire, la France des victoires passées, des épreuves présentes et des revanches prochaines, qui apparut dans son éternelle unité.

Que ne devons-nous pas à nos morts ? Nous avions cru par nos prières alléger notre dette : nous n’avons réussi qu’à l’augmenter. Sans eux, sans leur sacrifice, nous n’aurions pas fait cette épreuve, réconfortante en sa tristesse, de notre indissoluble union, de notre foi dans nos destinées nationales. Nous n’aurions pas, pendant que l’éloquence sacrée inclinait nos têtes et dans un vol magnifique emportait nos cœurs affermis vers les plus hauts sommets des consolations éternelles, nous n’aurions pas senti palpiter dans cette étroite enceinte l’âme même de la Patrie. Ce n’est pas seulement dans ce groupe serré de familles en deuil, ce n’est pas seulement sous le bandeau blanc et les voiles de crêpe des épouses et des mères que les larmes ont coulé. Mais si les yeux se sont mouillés, ce ne fut dans la douleur ni désespoir ni faiblesse. Ce fut plutôt un suprême témoignage de reconnaissance pour ces jeunes hommes qui ont de leur sang scellé notre sainte union. C’est parce qu’ils sont morts que la France de saint Louis et de Jeanne d’Arc, la même qui combat aujourd’hui à Verdun, ne peut pas mourir et vaincra.

Face au tableau de nos deuils, la bibliothèque expose celui de nos gloires. Le mur disparait sous la profusion des fiches où sont rapportées les citations à l’ordre du jour. Impossible de les reproduire, d’énumérer seulement les noms. Le papier est rare et il en faudrait trop. Je totalise :

50 citations à l’ordre de l’armée ;