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remédièrent en construisant pour la première fois, à gauche et à droite, deux de ces centres de résistance, véritables cités et forteresses, dédales de tranchées, qui ont été depuis reproduits et encore amplifiés en Champagne. Le centre septentrional avait reçu de nos soldats le nom d’Ouvrages blancs, le centre méridional celui de Labyrinthe. Ainsi le champ de bataille présentait l’aspect d’un immense front fortifié où des courtines de tranchées reliaient trois gros bastions également composés de tranchées.

À ce champ de bataille nouveau, il fallait une tactique nouvelle. Pour la première fois aussi l’action allait prendre la forme d’un assaut. Elle en aurait la soudaineté, la rapidité et la violence. Comme pour un assaut encore, il fallait des troupes d’élite. On les entraîna physiquement et moralement, et le 9 mai, après une puissante préparation d’artillerie, elles sortirent d’un seul mouvement des parallèles de départ, magnifiquement alignées, couronnées du scintillement de leurs baïonnettes. En une heure, toute la droite allemande, entre Souchez et Neuville, fut submergée, et les troupes arrivaient jusque sur la falaise de Vimy. Ce magnifique succès ne put être exploité à temps. D’autre part, devant notre droite, le Labyrinthe présenta une résistance qui ne fut réduite que le 19 juin, après de longs et continuels combats. En fait, la bataille d’Artois dura sans interruption du 9 mai au 25 juin.


IV

Le 25 septembre 1915, l’attaque fut reprise, cette fois sur tout le front entre La Bassée et Arras. Cette bataille a déterminé le front actuel. Elle a donc pour nous un vif intérêt. Les troupes britanniques occupaient le front entre La Bassée et Grenay (inclus). Un récit officiel de leur action a été publié par les journaux anglais le 20 et le 22 mai 1916.

Les trois mois qui précédèrent l’action se passèrent dans une trêve relative, occupée principalement par les Alliés à accumuler les munitions nécessaires à une grande bataille. Quant aux Allemands, leurs efforts portaient surtout sur le front oriental. La jonction entre les troupes françaises (10e armée) et les troupes britanniques (1re armée) se faisait à peu près en face de Lens. Mais l’attaque d’un grand centre manufacturier