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Mais aux sources de l’Avre, le terrain se relève, recommence à onduler, et un des de terrain sépare le domaine de cette rivière de celui de l’Oise : buttes de sable couronnées d’argile, dernières hauteurs par où le bassin de Paris vient mourir sur la plaine picarde ; l’amplitude de ces mouvemens atteint environ 80 mètres, la cote la plus haute, entre Lassigny et Ribécourt, étant à 188 mètres. De plus le sable amène la présence des bois, qui change la figure du pays. Ainsi le front qui s’étend entre la Somme et l’Oise change de caractère de la gauche à la droite ; Roye, au Nord-Ouest, est encore sur le plateau nu du Santerre ; Lassigny, au centre, est juste à la naissance des collines ; puis ces collines s’élèvent, se boisent, redescendent vers l’Oise, et Ribécourt est à leur pied Est.

Le front s’est fixé là aussitôt après la bataille de la Marne, au moment où chacun des deux adversaires cherchait à déborder l’autre par son flanc occidental. Dès le 11 septembre 1914, le commandant en chef des forces françaises prescrivait au général Maunoury, commandant la 6e armée, d’avoir sur la rive droite de l’Oise des forces aussi importantes que possible. Le 17 septembre, il renouvelait et précisait l’ordre. Il faisait revenir de Lorraine la 2e armée, alors commandée par le général de Castelnau, et il la mettait à la gauche de l’armée Maunoury, de l’Oise à Arras ; puis il plaçait à sa gauche l’armée Maudhuy (10e armée).

De leur côté, les Allemands, par une manœuvre analogue, faisaient passer à la droite de l’armée von Klück, qui jusque-là avait été leur armée d’aile, une armée nouvelle, qui emprunte le nom et le général de la IIe armée, mais qui est faite de corps qui ont livré sur le front lorrain la bataille du Grand-Couronné ; le Ier et le IIe bavarois et le XXIe viennent de la VIe armée ; le XIVe de réserve vient de la VIIe. Ainsi les soldats de Castelnau retrouvent devant eux, sur la Somme, les mêmes adversaires qu’ils ont combattus dans l’Est. On y a seulement joint le XVIIIe corps, emprunté à la IVe armée. Puis, de même que les Français alignaient l’armée Maudhuy à la gauche de l’armée Castelnau, les Allemands alignaient la VIe armée (prince royal de Bavière) à la droite de la IIe, avec le IVe corps, la Garde, le Ier corps bavarois de réserve, et une forte cavalerie qui le prolongeait vers le Nord, comme nous étions nous-mêmes prolongés par les corps de cavalerie Conneau et de Mitry.