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ces différentes ressources, un autre milliard qui, s’ajoutant à celui que le Parlement est invité à voter en ce moment, représentera à peu près l’intérêt de la dette consolidée et flottante qui aura été contractée pour les besoins de guerre, à la fin de l’année 1916. C’est un commencement de mise en ordre de nos finances.


V

Les propositions de M. Ribot n’ont pas trouvé bon accueil auprès de la Commission du budget, qui a fait de nombreuses objections au plan élaboré par le ministre des Finances, notamment au chapitre des contributions directes, et qui, des diverses propositions relatives aux impôts indirects, ne retient que ce qui touche l’alcool. Et encore la Chambre a-t-elle adopté l’idée singulière de racheter le soi-disant droit des bouilleurs de cru. Nous espérons que le Parlement ne persistera pas dans cette conception aussi contraire à la véritable justice que dangereuse pour nos finances.

Le motif invoqué par les opposans, en ce qui concerne la contribution foncière sur les propriétés non bâties, est qu’elle atteint les propriétaires du sol, les cultivateurs, dont un grand nombre sont au front. On peut répondre à cela, d’une façon générale, que, dans un pays de service obligatoire, il n’est pour ainsi dire pas de famille dont un ou plusieurs membres ne soient sous les drapeaux ; il est bien difficile d’exempter une catégorie de Français d’un impôt, par la raison qu’il les frappe peut-être, dans certains cas, d’une façon un peu plus lourde que d’autres citoyens. Le doublement de la contribution mobilière a soulevé aussi des critiques, qui sont la reproduction de celles qui ont été jadis formulées contre les taxes assises d’après les signes extérieurs : on prétend qu’aux époques de guerre les inconvéniens du système sont plus sensibles qu’en temps ordinaire, parce que, dit-on, il est difficile de réduire brusquement son train de vie et de changer, par exemple, d’appartement, c’est-à-dire de diminuer la dépense qui sert de base a rétablissement de l’impôt. Ici encore, il nous semble que M. Ribot peut répondre que la cote mobilière a ses défauts, mais qu’en général cet impôt est proportionné aux facultés des contribuables ; que ceux-ci, d’ailleurs, grâce aux moratoires