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d’obstacles font imparfaite, bien qu’on ait pu dire récemment qu’elle se resserre de jour en jour, de si grands avantages ont été obtenus, que ne serait-on pas fondé à en espérer quand, par la concordance exacte des mouvemens dans le temps, la formule: une action unique sur un front unique, serait devenue une vérité ? Elle ne le deviendra absolument que lorsque l’action unique aura été assurée par une direction, tranchons le mot : par un commandement unique ; au commandement unique est liée cette concordance nécessaire. C’est la faiblesse des coalitions, de celles surtout dont les membres sont séparés par de vastes espaces, sans même tenir compte des autres différences, d’être des machines très lourdes et très difficiles à régler. Il n’y a qu’un remède à cette faiblesse, et c’est d’assembler, de réunir, autant qu’il se peut, malgré la politique et la géographie, tous les ressorts dans une seule main. Ce remède, l’antiquité l’avait trouvé : Saluberrimum in administratione magnarum rerum est, summam imperii apud unum esse. Les nations modernes n’en ont point trouvé d’autres, parce qu’il n’y en a pas d’autres. Mais, dira-t-on, ce serait à merveille si nous avions un César, un Napoléon. Même sans César et sans Napoléon, l’unité vaut mieux que le partage. « On peut légitimement conclure qu’il vaut mieux confier une expédition à un seul homme de commune prudence, qu’à deux hommes ensemble, fussent-ils de génie, s’ils étaient revêtus de la même autorité. »

De concert, les trois Puissances protectrices de la Grèce, — la France, l’Angleterre et la Russie, — se sont enfin décidées à prendre vis-à-vis du gouvernement du roi Constantin l’attitude qui convenait. Elles ont signifié à Athènes leurs conditions: 1° démobilisation réelle et totale de l’armée grecque; 2° remplacement immédiat du ministère Skouloudis par un cabinet d’affaires, provisoire; 3° dissolution de la Chambre des députés, suivie, dans le délai le plus court, de nouvelles élections, réellement générales et libres; 4° remplacement, d’accord avec les Puissances, de certains fonctionnaires de police plus spécialement compromis. L’Italie, qui ne pouvait agir comme Puissance garante, a fait de son côté une démarche parallèle visant la démobilisation des troupes grecques en Epire : l’Entente, ici encore, se présente donc au complet. Il n’y a pas eu lieu d’insister. M. Zaïmis, par commission du Roi, s’est rendu auprès des représentans des trois Puissances protectrices, pour leur apporter sans retard toute satisfaction. Le ministère Skouloudis est parti ; l’armée va être remise sur le pied de paix ; la Chambre va être dissoute, et des élections sont prévues pour la première semaine d’août; quant aux fonctionnaires de la