« Cette race existe. Le titre certain de l’Allemagne à l’hégémonie n’est pas son éminence en certaines qualités, privilège qui appartient à plusieurs peuples : c’est l’équilibre des dons universels, privilège qui, avant elle, n’avait appartenu à personne. Elle produit des ouvriers pour toutes les tâches. Qui a pénétré si profondément les subtiles ténèbres de la raison pure ? Qui a illuminé par plus de certitudes les recherches de la science ? Qui a tiré du savoir autant d’avantages ? qui a, par l’industrie et le commerce, créé une richesse si rapide ? qui a mieux défendu la vie contre la maladie, le vice et la misère ? Qui a mis une égale méthode dans une égale activité, et, par un art comparable d’organisation, prêté aux spontanéités de l’effort individuel la beauté d’une marche sûre et d’un génie général ? Qui, après avoir tout prévu, tout entrepris, tout régularisé en Allemagne, a autant porté aux autres races, par la surabondance de sa population, l’exemple partout le même de sa fidélité à ses origines, de sa concorde, de ses aptitudes, de ses mœurs et de sa prospérité ? qui s’est fait une pareille place, si vite, partant de dons, en tant de lieux ? Il ne reste plus qu’à étendre partout cette culture, fut-ce par les armes. Car lorsque la force appartient à un peuple comme la récompense et la forme synthétique de ses autres supériorités, et quand il l’emploie à préparer au genre humain un avenir meilleur, la force est le droit.
« Nous pensons, nous, qu’un temps où une telle doctrine domine une telle guerre n’est pas seulement le jouet de la pire violence, mais est menacé par une maladie de la raison. Et cette déraison nous effraie plus que toutes les douleurs : car, pour le genre humain, le mal suprême est de prendre l’erreur pour la vérité. Les batailles les plus vastes n’entraînent pas dans leur mêlée tous les États, les plus cruelles ne détruisent pas les peuples entiers, les plus longues sont courtes dans la vie nationale, les plus décisives ne changent que les bornes de quelques frontières sur le vaste monde, et la durée n’est pas promise à leur malfaisance. En vain la hache a eu raison de la forêt, sous les générations abattues poussent les générations nouvelles : après un peu de temps, le bûcheron n’est plus et la forêt demeure. Ainsi, tant que les vaincus du droit gardent leurs griefs contre l’iniquité de leur sort, leur constance peut trouver une complice dans l’inconstance de la fortune et