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L’APÔTRE DES INDES ET DU JAPON

FRANÇOIS DE XAVIER

IV[1]
VERS LE JAPON


VIII. — L’HORIZON S’ÉLARCIT

Le retour de François à Malaca fut marqué par deux incidens : l’un qui forme aujourd’hui le sujet d’un des vitraux de la cathédrale ; l’autre qui est à l’origine d’une des plus sanglantes tragédies de l’histoire des Missions.

Le premier se rapporte à une attaque nocturne tentée contre la ville par les Mores et le roi d’Achin. Elle aurait pu être désastreuse ; elle ne le fut pas. Les assaillans n’enlevèrent en guise de butin que des oies, qu’ils apportèrent à leur prince pour lui prouver qu’ils avaient vraiment débarqué. On délibéra si la flotte portugaise se jetterait à leur poursuite ; et l’expédition fut décidée, dit-on, sur les instances de François. Les jours passèrent. Aucune voile ne reparaissait. On crut à une défaite qui mettrait Malaca en grand danger. Les sorciers malais ne se faisaient pas faute d’assurer que tous les marins portugais avaient péri jusqu’au dernier. Ils voyaient leurs cadavres au fond de la mer ; et ces beaux masques sinistres

  1. Voyez la Revue des 15 février, 15 mars, et 1er mai.