Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 34.djvu/394

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blessés du front, ont été désignés par le War Office pour compléter et renforcer ces cadres. Et ainsi, dans l’ombre des universités, se forment les chefs de l’armée nouvelle.

Chacune de ces écoles comprend 800 cadets, dont le plus grand nombre sont des soldats ayant déjà fait campagne et qui sont revenus du front, proposés pour un emploi d’officier. Ils font à l’école un stage de quatre mois, pendant lequel ils reçoivent le complément d’instruction nécessaire. Je les ai vus, sur le terrain de manœuvre de Wytham, près d’Oxford, creuser des tranchées, des boyaux, des abris ; je les ai vus, sur le terrain d’exercice de Cambridge, se lancer à la baïonnette avec une furia presque française, à l’attaque des tranchées ; et même pour un observateur qui ne se pique pas d’être un spécialiste, il est impossible de ne pas être frappé de la belle allure de ces hommes et des résultats remarquables de l’entraînement auquel ils sont soumis.

Aussi bien, après ce stage fait à l’école, est-il rare qu’ils échouent à l’examen qui les fera officiers. Et dans cette préparation militaire, les universités ont droit de revendiquer une large part. Le colonel Edwards, qui commande l’école de Cambridge, était, dès avant la guerre, attaché à l’Université comme secrétaire du Comité d’études militaires (board of military studies). Le colonel Stenning, qui commande l’école d’Oxford, est, en temps de paix, professeur d’hébreu etd’araméen à l’Université. Je dois ajouter, pour rassurer le lecteur, que ces études pacifiques n’ôtent rien à sa compétence militaire : il y a des années que le colonel est à la tête de l’Offîcers training Corps de l’Université.

Ce n’est pas tout. Dans ces collèges de Cambridge et d’Oxford, entourés de verdure, de grands jardins pleins d’ombre, d’air, de lumière et d’espace, on trouvait une place merveilleusement appropriée pour des installations sanitaires. Aussi n’y a-t-il pas d’université qui n’ait ses hôpitaux. A Cambridge, par exemple, sur le vaste terrain de jeux appartenant à Clare et à King’s Collège, on a construit un vaste hôpital qui ne contient pas moins de 1 570 lits. C’est proprement un hôpital modèle, et dont certaines dispositions sont fort intéressantes. C’est ainsi que les vingt à vingt-cinq baraquemens qui le constituent ont une de leurs parois complètement ouverte à l’air extérieur ; et de cette libre circulation d’air, maintenue jour et nuit, hiver