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Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 34.djvu/441

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nationale française, Comité franco-belge, Fonds du secours serbe, Croix rouge, sous un nom ou sous un autre les œuvres se multiplient. Les unes se chargent de secourir les familles des combattans et les autres celles des réfugiés, celle-ci envoie de l’argent et celle-là des dons en nature ; toutes tendent au même but, qui est de remédier aux maux de la guerre, et toutes rivalisent de zèle. Quinze millions ont été versés pour le ravitaillement de la Belgique et de nos départemens envahis. Les hommes organisent des souscriptions, les écoliers font des collectes, les femmes fondent des ouvroirs. L’on pensé à tous ceux qui souffrent, aux blessés, aux vieillards, aux enfans ; il y a une Œuvre des bébés belges et une Œuvre des bébés français.

Et, bien entendu, il y a aussi un Comité des marraines. M. Brieux s’en revenait d’Amérique à l’époque où j’y suis allé ; il y avait lu çà et là, et lu comme il sait lire, sa Lettre à celui qui ne reçoit pas de lettres, et au Canada comme aux Etats-Unis cette page exquise, d’une si profonde et si mélancolique tendresse, était dans toutes les mémoires. « Celui qui ne recevait pas de lettres » en reçoit à présent du Canada presque autant que de France et d’Angleterre ; d’aucuns prétendent même qu’il en reçoit trop ! Un soldat du Royal Higlanders of Canada ayant fait annoncer dans les journaux de son pays qu’il souhaitait d’avoir des lettres, le pauvre garçon se vit en un rien de temps accablé sous le nombre.

Qu’on ajoute à ce tableau le travail intense des usines qui produisent le matériel de guerre, plus de cent mille ouvriers occupés dans les fabriques de munitions, des commandes pour près de trois milliards, une activité qui ne s’interrompt ni le jour ni la nuit dans toutes les gares et dans tous les ports : on saura ce que les Canadiens font chez eux pour seconder ceux qui sont au front.


IV

Débarqués à Plymouth, les premiers volontaires étaient allés camper dans la plaine de Salisbury, où leur fut donnée l’instruction militaire qui manquait à la plupart d’entre eux. En février 1915, ils furent transportés à Saint-Nazaire, et acheminés de là vers la frontière belge. En mars, la bataille de Neuve-Chapelle ne fut pour eux qu’un combat d’artillerie. Mais