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LES TRAITS ÉTERNELS
DE
LA FRANCE

M. Maurice Barrès, qui vient d’être pendant quelques jours l’hôte du gouvernement anglais, a été invité à prendre la parole dans une réunion organisée par l’Académie britannique. Nous sommes heureux de pouvoir donner ici le texte de sa belle et émouvante conférence qui, dans les circonstances où elle a été prononcée, prend toute la valeur d’un acte :


MESDAMES, MESSIEURS,

Dans sa Litanie des Nations, votre Swinburne prête à la France, parlant à la Liberté, ces paroles :


Je suis celle qui fut ton enseigne et ton porte-drapeau,
Ta voix et ton cri ;
Celle qui te lava de son sang et te laissa plus belle ;
Je suis celle-là, la même.
Ne sont-ce pas là les mains qui l’ont relevée gisante et t’ont nourrie,
Ces mains meurtries ?
Ne suis-je pas la langue qui a parlé pour toi, l’œil qui t’a conduite ?
Ne suis-je pas ton enfant ?


Cet éloge qui nous a été au cœur, il s’est trouvé depuis 1870 tant d’hommes et de tant de pays pour croire que nous en avions démérité ! On doutait de nous, on disait : « Ils ne sont plus les mêmes… La France est une nation du passé, une vieille nation… »