peu à peu de cent domaines ; son activité s’atrophie et il s’aperçoit, au jour d’une déclaration de guerre, qu’il reçoit ses explosifs de l’ennemi : au mois d’août 1914, nous fabriquions au plus cinq à six tonnes de mélinite par jour ; notre benzol s’en allait en Allemagne pour nous revenir transformé. Il nous fallait, ou déposer les armes ou improviser des industries avec un effort immense ; d’où une année entière pendant laquelle nous n’avons pu agir. Ce sera, un jour, un sujet d’étonnement quand on saura d’où nous sommes partis. Tout manquait pour le travail des acides, même les pots de grès, que la manufacture de Sèvres, conviée à cette céramique de défense nationale, se mit à entasser dans ses fours.
Pour qu’il ne soit plus permis aux empires centraux de reconstituer la puissance dangereuse qu’ils avaient acquise, leurs marchandises, leurs navires et leurs sujets seront soumis dans les États alliés à des prohibitions et à des règles particulières, pendant une période de plusieurs années après la paix. Si nous leur laissions jeter sur notre marché, à 50 pour 100 au-dessous du cours, les poutrelles, les cornières, le fer pour construction, qu’ils ont fabriqués peut-être avec notre minerai et notre charbon, nos ouvriers pourraient se trouver sans ouvrage.
Etroitement resserrés par le blocus, nos ennemis, loin de se décourager, font leur plan d’attaque pour l’avenir. Leur « Comité pour l’examen du commerce d’exportation » tient séance dans l’immeuble de la Chambre de commerce de Berlin, présidé à tour de rôle par les représentans des seize sociétés « germano-française, » « germano-italienne, » russe, argentine, etc., dont il est l’émanation. Il a fait distribuer aux intéressés le questionnaire suivant : « 1° Des tentatives ont-elles été faites en vue de remplacer les marchandises allemandes par d’autres ? De la part de quelles nations ? Pour quelles marchandises ? Sur quelles places ou dans quelles régions ? — 2° Quelles méthodes emploie-t-on à cet effet ? A-t-on pris des mesures législatives, ou a-t-on créé de nouvelles institutions banques, compagnies de navigation, etc.) pour faciliter le remplacement des marchandises allemandes ? — 3° Dans quelle mesure ces efforts ont-ils été couronnés de succès ? Et ce succès est-il dû : a. A un mouvement national ? b. Aux défauts des marchandises ou aux erreurs des commerçans allemands ?