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participations dans les principales Compagnies de tous les pays du continent. Les groupes allemands possèdent en territoire des alliés, écrivait de Pétrograd le correspondant du Times, des affaires électro-techniques pour une valeur approximative de 527 millions de francs. Tout récemment il a fallu aller jusqu’à la Chambre des Lords pour faire rejeter la prétention d’une société allemande, enregistrée en Angleterre, la « Continental tyre and Rubber company, » de recouvrer une créance de 11 000 livres sterling en pleine guerre. On juge si, disposant d’une organisation puissante, les Allemands tenteront, après la paix, d’assurer leurs positions.

Pour y voir clair, nous allons créer en France le « casier commercial, » système qui existe déjà dans quatorze pays dont l’Allemagne, afin de savoir exactement la nationalité des gens — des Sociétés surtout — avec qui les Français font du commerce. Il sera établi, dans chaque chef-lieu d’arrondissement, des dossiers centralisés à Paris, pour tous les patentés anciens ou nouveaux, faisant connaître en détail, avec leur état de famille et leurs ressources personnelles, la nature de leur fabrication ou de leur trafic. Seuls les citoyens des pays alliés jouiront de la pleine liberté de commerce en France, comme patrons ou simples commis : Nous réserverons aussi désormais à nos nationaux les fonctions d’agens de publicité ou d’assurances. Les fiches individuelles de l’ « Institut Schimmelpfeng, » l’office de renseignemens allemands, trouvées par nous dans les maisons sous séquestre et où se voyaient notés les relations, les goûts et surtout la situation pécuniaire de nos commerçans ont servi souvent aux réquisitions militaires.

Les nations ont le commerce qu’elles méritent ; l’ensemble des mesures défensives sur lesquelles les délégués à la Conférence se sont mis d’accord a pour objet le bien-être de tous. Le gouvernement, en créant des barrières, devra donc veiller à ce que personne n’en abuse, à ce qu’elles ne protègent pas à l’intérieur des « industries de tout repos. » A côté du dumping que nous combattons, il y avait chez les Allemands une volonté forte, de l’audace, le goût du risque et des vastes spéculations comportant de petits bénéfices, toutes choses qui ont aussi fait en France le succès de quelques illustrations de l’usine et du comptoir, individualités puissantes que l’on aimerait voir se multiplier. A côté du bon marché artificiel et menteur, il y a le