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Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 34.djvu/67

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modeste sphère, se fait vivement sentir pour toutes les parties de l’administration de notre pays. On n’y sent pas encore la main qui dirige, l’unité qui rallie, la décision qui fixe les incertitudes. Tel est le sentiment général de tous les hommes que je vois, qui vivent au centre des affaires et des plus grands intérêts.

Il ne faut pas non plus que Paris, quelque peu ému, surtout fort décontenancé, qui veut revenir à l’ordre, qui est affamé de mouvement et de bien-être, se croie comme abandonné et ne profite pas, pour la restauration de la sécurité et du travail, des instincts et des besoins qu’il s’agit de satisfaire.

Nul mieux que vous, monsieur le Président, ne connaît le prix de la paix publique, de l’ordre et du travail, quand il s’agit de relever notre pays abattu par d’effroyables calamités. Ce pays a confiance en vous, rendez-lui le plus tôt possible l’énergie et l’unité dans son gouvernement et nous vous remercierons par une prompte reprise de nos forces vitales… Veuillez agréer…

ROULAND. -


M. Jules Favre au même.

4 mars 1871.

Mon cher Président et excellent ami,

Vous me reprochez, dans le télégramme que je reçois, de ne penser qu’à Paris. Je vous reproche de l’abandonner à lui-même et par-là de le livrer à des chances qui peuvent détruire et déshonorer notre œuvre. Nous avons besoin de liberté et de crédit. L’un et l’autre ne survivraient pas à une sédition. Il n’y a rien à faire en dehors d’une politique résolue. Rester à la fois à Bordeaux et à Paris, couper le Cabinet pour qu’une partie fasse tête à la Chambre, l’autre à Paris, est un système que je repousse de toutes mes forces, le considérant comme mortel. D’ailleurs, je vous pose des questions auxquelles vous ne me répondez pas. Vous nous envoyez des troupes ; je vous en suis fort reconnaissant, mais ce n’est là qu’un côté de la question. Avant de réprimer, il faut administrer et nous n’avons ni administration ni administrateur. Les questions les plus capitales s’imposent à nous, nous n’en résolvons aucune. Vous me dites que Ferry [Jules Ferry, maire de Paris] doit rester, — il