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Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 34.djvu/71

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mais que vous livrerez résolument si on nous force à l’accepter. Le général Vinoy a très bien fait jusqu’ici.

Le général d’Aurelle est sans doute auprès de vous depuis hier, je lui ai donné Roger du Nord pour chef d’état-major. On trouvera pour le travail un sous-chef d’état-major qui s’en chargera. J’espère qu’avec ces moyens la garde nationale se réorganisera peu à peu et qu’on aura avec soi une grande partie de cette garde, ce qui vous permettra de dominer tous les obstacles.

Vous me demandez un préfet et un préfet de police, c’est-à-dire deux raretés. Pour le préfet de la Seine, j’ai livré un nouvel assaut à M. Casimir-Perier, et j’ai échoué devant la résistance de sa femme. M. Léon Say, outre que sa position est inférieure à la charge, ne passe pas pour assez vigoureux. Je vais faire de nouvelles recherches.

Pour le préfet de police, on est enchanté ici que M. L… n’ait pas été nommé, car on le tient pour mille fois au-dessous du poste, sous le rapport du caractère. Le gendre de M. Dufaure, M. Monicault, qui s’est couvert d’honneur pendant le siège, qui a beaucoup de sens et de caractère, serait un excellent préfet de police. J’ai chargé M. Dufaure de le séduire, mais je ne sais s’il aura réussi. S’il accepte, je vais le nommer tout de suite et vous l’envoyer. S’il n’accepte pas, je vous dirai que vous, qui êtes à Paris, vous devriez bien nous aider à en chercher un, c’est-à-dire à en trouver un. Faire un mauvais choix ne serait pas un grand secours, tout au contraire. Vous parlez comme si le personnel abondait. Tout au contraire, il est rare, très rare, sous le rapport du mérite comme sous celui du dévouement…

Vous ne tenez aucun compte des difficultés ; vous croyez que tout va tout seul. Oui, quand on se résigne à mal faire, tout va tout seul, mais non quand on veut faire de son mieux. Vous regardez comme la chose la plus simple et la plus indifférente de vous envoyer 30 000 hommes. Je vous dirai que vous en parlez à l’aise. Le travail pour les 30 000 hommes nous a coûté des peines infinies, et à moi des tribulations véritables… Vous parlez des préfets dont on abandonnerait la nomination à la Chambre. Cela est bon à dire de loin, mais pas bon à dire à moi, qui n’ai jamais voulu affaiblir le pouvoir et qui ne l’ai jamais laissé affaiblir dans mes mains. Mais souvenez-vous des ombrages de toutes les oppositions à l’égard des préfets, leurs tyrans électoraux, et vous comprendrez que l’Assemblée actuelle, ayant sur