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tendance essentielle est l’anti-ultramontanisme[1]. » Observez qu’en janvier 1916 les démentis formels qui lavèrent le clergé belge des accusations infamantes portées contre lui pouvaient être considérés comme acquis à l’histoire ; mais l’Association allemande d’Empire feignait de ne pas connaître ces démentis. Ils étaient la réfutation implicite d’un télégramme impérial : c’en était assez pour qu’on tentât de les laisser ignorer à la masse du public. Et l’on voyait, par ailleurs, le ministre de la Guerre de la catholique Bavière empêcher la diffusion d’un livre du P. Duhr, Jésuite[2], où les calomnies contre les prêtres belges, et quelques autres encore, étaient dûment réfutées.

Ainsi se multipliaient d’étranges signes de malveillance à l’endroit du catholicisme, tandis que soldats catholiques et soldats protestans, confondus sous les mêmes drapeaux, étaient jetés, à la boucherie par la volonté impériale, cruelle comme la Fatalité, aveugle comme elle.


V

D’expérience, les catholiques d’Allemagne savaient qu’après Sedan la Prusse évangélique avait prétendu consommer sa victoire en jetant à l’Eglise de Rome un défi persécuteur. Et des indices nouveaux les avertissaient qu’après la victoire nouvelle qu’ils escomptaient pour leur Empire, ils devaient s’attendre, comme en 1870, à être derechef des victimes. On vit bientôt cette morose certitude induire un certain nombre d’entre eux à une politique de fléchissement, de concessions, de capitulations, suprême ressource, pensaient-ils, pour amortir le choc du futur Kulturkampf. L’esprit qui leur dictait cette attitude n’était d’ailleurs que la sanction naturelle des évolutions dont au cours des vingt dernières années le Centre avait offert le spectacle.

Plusieurs publications catholiques se succédaient, pour justifier en face des neutres les déloyautés de la diplomatie allemande ou les brutalités des armées allemandes. Deux d’entre elles, même, groupaient une élite de collaborateurs ; l’une s’intitulait : Culture allemande, catholicisme et guerre mondiale ; l’autre : ve catholicisme allemand dans la guerre

  1. Jules Lebreton, Étudesv 20 mai 1916, p. 439-440.
  2. Koelnische Volkszeitung, 30 mai 1916.