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grâce à l’initiative prévoyante de M. Xavier Charmes, conçut l’heureuse idée d’y établir, au Caire, une mission permanente. Maspero se trouvait naturellement désigné pour en être le chef. Il accepta ce titre avec toutes ses responsabilités, et, en décembre 1880, ayant tout préparé avec son activité coutumière, il partait, accompagné de deux élèves égyptologues, MM. Loret et Bouriant, d’un arabisant, M. Dulac, et d’un dessinateur, M. Bourgoin. De cette mission devait naître l’Institut français d’archéologie orientale.

La savante colonie arriva au Caire le 5 janvier 1881. Mariette était mourant. Il eut à peine le temps d’accueillir celui qui allait si heureusement continuer et développer son œuvre. Il succombait le 18 du même mois, laissant vacante la charge de directeur des fouilles et du mutée de Boulaq. Elle fut donnée à Maspero le 8 février suivant.

C’était une grande joie pour cet égyptologue passionné que de se trouver ainsi transporté tout à coup au milieu de ces monumens qu’il n’avait pu étudier jusque-là que dans des livres ou des documens écrits. Il allait enfin pouvoir les interroger par lui-même, en découvrir de nouveaux, faire connaissance directe avec les lieux où les anciens Egyptiens avaient vécu, s’expliquer le passé par une comparaison incessante avec le présent. Il lui devenait possible de vérifier ce qu’il avait pressenti, de compléter ce qu’il avait seulement ébauché. Aussi, malgré la lourde charge d’un service à organiser, malgré les difficultés et les dangers suscités par la révolte d’Arabi pacha en 1882, ce premier séjour en Égypte fut-il pour Maspero une période d’intense activité scientifique et de remarquables découvertes[1].

Il avait ses desseins. Il apportait avec lui d’importantes questions à résoudre. Sa première ambition fut de demander aux pyramides leur secret, entrevu seulement par Mariette dans les derniers mois de sa vie, à la suite de la découverte de la sépulture royale de Méthésouphis. A peine installé dans ses fonctions, il faisait attaquer, à Sakkarah, la pyramide du roi Ounas, et il avait la satisfaction de voir immédiatement se développer la

  1. Rappelé en France par un ordre du gouvernement au moment où l’explosion du fanatisme mettait en grand péril la vie des étrangers, il sut, par sa présence d’esprit, assurer le départ et le salut de tous ceux dont la sécurité lui était particulièrement confiée. Il revint en Égypte, quelques mois plus tard, dès que cela fut possible.