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V

Soit au bord du Nil, soit en France, Maspero a été, par ses nombreux écrits, l’interprète assidu de l’antique Égypte. En cette qualité, il a réalisé une œuvre dont la valeur égale l’étendue.

Elle se compose, pour une part considérable, de mémoires savans, qui, étant destinés aux spécialistes, ne peuvent être ni analysés, ni même énumérés dans une étude telle que celle-ci. Publiés d’abord dans divers recueils, bulletins ou revues, beaucoup sont aujourd’hui réunis dans la Bibliothèque égyptologique, qu’il avait fondée en vue d’y grouper les écrits, dispersés ou inédits, des égyptologues français. C’est en lisant là ses belles Etudes de mythologie et d’archéologie égyptiennes, qu’on peut se rendre compte du travail auquel il s’est livré sur la religion de l’ancienne Égypte. On y voit, en particulier, se développer ses idées personnelles à propos du rôle qu’il attribuait à la magie, et surtout sa conception, si juste, de la multiplicité primitive des cultes et des croyances, trop méconnue avant lui. Dans le Recueil des travaux relatifs à la philologie et à l’archéologie égyptiennes et assyriennes, dont trente-six fascicules ont paru, de 1870 à 1914, sa part est fort grande aussi. On y trouve toute une série de mémoires se rapportant à la grammaire, et notamment à la question difficile de la vocalisation, qui a divisé les égyptologues. C’est sur ce terrain qu’il prit position contre l’école de Berlin et contre son chef, Adolf Erman. Il n’appartient qu’aux égyptologues de profession de se faire une opinion sur ce dissentiment. Toute cette partie de l’œuvre de Maspero, quelle qu’en soit l’importance, leur est d’ailleurs plus ou moins réservée. Ce sont d’autres ouvrages qui ont établi dans le grand public sa renommée de science et de talent.

Il est vrai que les uns et les autres ont des caractères communs. Aucun savant n’a été plus soucieux que lui du détail précis, de la documentation exacte et complète. Aucun ne s’est astreint plus résolument aux tâches ingrates, mais nécessaires, aux statistiques, aux classemens laborieux, aux descriptions scrupuleuses, aux mensurations patientes. Profondément convaincu que toute science repose sur l’étude la plus attentive