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devant le défilé des portes du Zagros, ayant pris Kerind. Le 8 mai, ce col était forcé et la bourgade de Kasr-i-Chirin, cachée au milieu de ses dattiers, enlevée d’assaut. Depuis, les Russes sont en contact devant Kanikin avec des forces turques et ils viennent de leur infliger un sérieux échec. La liaison avec l’armée du général Percy Lake, sur le Tigre, est assurée par une sotnia de cosaques, qui, se lançant dans un raid hardi, a rejoint les lignes anglaises.

Depuis deux mois environ, une nouvelle colonne russe menace les Ottomans de ce côté. Commandée par le général Tchernobouzoff, et forte de 14 000 hommes, elle occupe actuellement Rewandouza.

Le danger pour l’armée turque de Mésopotamie devenait dès lors considérable. Risquant d’être coupée de ses bases à Mossoul, d’être cernée par l’avance des Russes vers Bagdad, elle a contre-attaque avec énergie et repris une partie du terrain perdu, Kerind, et Kermanchah. Aujourd’hui, le péril slave est moins pressant pour elle, mais les Anglais, malgré une chaleur torride de 54e, n’abandonnent pas la partie. Au contraire, ils consolident leur occupation en établissant des chemins de fer de campagne.

Du point de vue militaire, la campagne de Mésopotamie reste donc encore sans influence sur la marche générale des opérations.


CONCLUSION

Après avoir étudié les événemens militaires de l’Irak-Arabi, on demeure perplexe. Quelle conclusion peut-on tirer de cette campagne ? Elle semble se partager en trois phases bien distinctes : l’occupation du pays de Bassorah, pour protéger les installations d’Abadan ; la marche sur Kut-el-Amara, afin de dégager Bassorah ; enfin, l’avance sur Bagdad dans un dessein tout à fait indéterminé.

Pendant la première période, les opérations ont été conduites avec vigueur par des effectifs proportionnés à leur tâche. Puis, quand il s’agit de rendre libre la région du Chatt-el-Arab, le général Townshend, à Kut-el-Amara, fit preuve d’un beau tempérament militaire. Son plan bien conçu fut brillamment exécuté par ses sous-ordres.