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compagnie à l’assaut du fort de Vaux. Il est sept heures et demie du soir. L’orage, encore une fois, se déchaîne. L’artillerie fait rage sur ce chaos.

Et le Grand Quartier Général, à huit heures et demie du soir, envoie au Quartier général de l’armée ce télégramme qui doit être transmis au fort par signaux optiques :

Le général commandant en chef adresse au commandant du fort de Vaux, au commandant de la garnison, ainsi qu'à leurs troupes, l’expression de sa satisfaction pour leur magnifique défense contre les assauts répétés de l’ennemi.

« JOFFRE. »


Dans les éclairs des batteries et des fusées, dans le fracas de la tempête dont tremble la colline, le message est transmis. Mais le fort ne répond pas. Des fusées rouges en gerbes sont aperçues au-dessus de lui. Est-il mort, est-il vivant ? Est-il pris, est-il libre encore ?

A neuf heures du soir, la voix du général en chef se fait encore entendre, dominant l’ouragan de fer et de feu :

Le commandant Raynal est fait commandeur de la Légion d’honneur.

Il faut faire l’impossible pour transmettre cet ordre. C’est le désir du général en chef. Vainement Vaux est appelé par des signaux multipliés : Vaux ne répond plus. Or, tout à coup, le 7 au petit jour, à trois heures cinquante du matin, voici que Vaux réveillé fait des appels. Les postes de signaleurs saisissent ces trois mots : Ne quittez pas.

«Ne quittez pas : » geste du mourant qui retient la main aimée. Et puis, plus rien. Le fort de Vaux ne parlera plus.


XII. — LE RÉCIT ALLEMAND

Le 7 juin à trois heures cinquante, le fort de Vaux respirait encore.

Un récit allemand de son agonie et de sa mort, sans doute tendancieux, mais qui, néanmoins, rend hommage à la défense, a été publié dans la Breisgauer Zeitung des 16, 17 et 18 juin. La première partie est datée du 4 juin, et la seconde du 7. Il est signé de l’un des correspondans de guerre admis au Grand Quartier général, Kurl von Reden, mais il est daté du