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protection des navires de charge contre les unités de plongée. Qui vous dit cependant qu’on n’en peut trouver d’analogue, s’il s’agit d’une traversée plus longue, et surtout que la grande opération de transport ne sera pas précédée d’opérations préliminaires ayant pour objet d’enfermer les sous-marins dans leurs bases principales ? Tant que les submersibles n’auront pas trouvé le moyen de passer au travers des filets d’acier a grandes mailles, et celui de cueillir les mines automatiques aussi facilement qu’ils les sèment ; aussi longtemps que les bâtimens légers de surface, aidés par les hydravions ou les dirigeables spéciaux, pourront leur donner efficacement la chasse dans des eaux côtières peu profondes ; aussi longtemps enfin que, derrière cette première ligne de bloqueurs, on en pourra disposer une seconde composée de croiseurs de tonnages variés et une troisième où figureront des cuirassés relativement anciens, tandis que les « dreadnoughts » se tiendront au large, pour parer à tout événement, je ne crois pas qu’on ait le droit de douter du succès des mesures de protection organisées par de grandes marines, maîtresses de la mer...

Et qu’est-ce encore que cette doctrine de la supériorité de débit des chemins de fer, lorsque, dans tel cas que je sais, la descente peut s’effectuer sur un point que la voie ferrée ne dessert pas ; lorsque, ici, la flotte tient cette voie sous son canon ou que, là, ses bâtimens à fond plat, canonnières, monitors ou autres, ses appareils aériens même, peuvent aller détruire aisément tels ponts ou tels bacs indispensables à l’afflux des renforts sur le point attaqué ?


Mais, n’en disons pas plus pour le moment. Il suffit d’avoir rappelé que la guerre nous met constamment en présence de faits positifs, d’une infinie variété d’aspects, qu’elle nous propose des problèmes à données précises, concrètes, et qu’on ne peut vraiment se contenter, pour résoudre ces problèmes, de l’application de formules creuses, qu’inspirent généralement des idées préconçues, des craintes chimériques, quand ce ne sont pas des antipathies irraisonnées.

C’est qu’il y a de tout cela, qu’on ne s’y trompe pas, dans l’impatience que traduisent les formules auxquelles je fais allusion,