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coque et tout autour, et c’est ainsi que les submersibles sont constitués par deux coques, par deux enveloppes l’une dans l’autre, un peu comme les bouteilles Thermos, l’intervalle pouvant être à volonté rempli d’eau ou vidé de celle-ci par l’air comprimé. Il en résulte une construction entièrement différente : la coque extérieure des submersibles ne subissant aucune pression en plongée, puisque la mer la baigne également sur ses deux faces, ne subit une pression liquide, qui est alors faible, que quand les water-ballasts sont vides, c’est-à-dire dans la navigation de surface. Cette coque extérieure peut donc être en tête mince comme dans les torpilleurs, tandis que la coque interne qui subit toute la pression hydrostatique en plongée est en tête épaisse. Au contraire, dans les sous-marins à faible flottabilité, les réservoirs étant à l’intérieur du bâtiment, la coque externe doit être épaisse. La forme des deux types de navires diffère également ; le submersible a la forme mince des torpilleurs, tandis que son prédécesseur a une section circulaire comme un cigare. L’expérience a montré que cela ne nuit pas à la bonne tenue en plongée du submersible.

Quant à la crainte, conçue un moment, de voir l’immersion des submersibles durer trop longtemps à cause de leur émergence considérable et de la grande masse d’eau à emmagasiner, elle n’est plus fondée aujourd’hui, des dispositifs heureux et des manœuvres bien conçues ayant permis de ramener cette durée d’immersion à cinq minutes, ce qui satisfait toutes les exigences militaires et permet au bâtiment d’échapper rapidement au tir ennemi en cas de danger.

Aujourd’hui, on a pris l’habitude de désigner sous le nom de sous-marins à la fois les sous-marins à faible flottabilité et les submersibles, tandis que beaucoup d’auteurs et de marins appellent simplement sous-marins tout court les premiers. C’est une source de confusions continuelles. La solution logique et rationnelle consisterait à adopter, pour désigner l’ensemble des deux catégories, le nom collectif d’ « immersibles, » qui a été proposé par M. Maurice, directeur de l’École du génie maritime. Cette solution tend d’ailleurs à se propager, et il faut espérer qu’une décision officielle la consacrera ; on saura alors que les sous-marins sont les « immersibles » à faible flottabilité. Un nom qui désigne à la fois un tout et la moitié de ce tout à l’exclusion de l’autre, est un nom vicieux.

De tout ce qui précède il résulte nettement que le submersible est nettement supérieur par le tonnage, les qualités nautiques, le rayon d’action, la capacité offensive au sous-marin (j’adopte par