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plus que certains moteurs à vapeur. Il faut 750 kilos d’accumulateurs pour débiter un cheval-vapeur pendant vingt-quatre heures, et seulement 30 kilos de machine à vapeur pour obtenir le même résultat. Pour donner aux immersibles un rayon d’action suffisant, on a donc été conduit à renoncer complètement aux accumulateurs, lorsque leur emploi n’est plus indispensable, c’est-à-dire pendant la navigation en surface. On emploie alors, soit des moteurs à vapeur, soit, — sur les bâtimens allemands, — des moteurs à pétrole du système Diesel, à combustion interne. Les moteurs de surface servent en même temps à recharger les accumulateurs. L’immersible, qui emmagasine à la surface de l’énergie motrice pour sa plongée, est assez comparable à la baleine qui vient de temps en temps puiser dans l’air l’oxygène nécessaire à son énergie en plongée. Tout cela fait que, en dehors de la viciation de l’air des sous-marins à laquelle on remédie automatiquement par l’oxylithe, le sous-marin, je veux dire l’immersible, a intérêt à ne pas rester trop longtemps en plongée, faute de quoi son énergie motrice disparaîtrait.

L’idéal serait évidemment de n’avoir qu’un moteur unique pour la plongée et la surface, mais jusqu’ici les essais dans ce sens n’ont pas abouti à des résultats définitifs. Pourtant, dès avant la guerre, M. l’ingénieur en chef Maurice avait étudié une machine à vapeur spéciale pour la plongée, dans laquelle la vapeur était produite, non par l’oxydation d’un combustible, mais par la chaleur accumulée en surface grâce à un accumulateur thermique spécial, sur lequel on nous permettra de ne donner aucun détail. Il est probable, comme l’a remarqué déjà M. l’amiral Degouy, que les Allemands, avec leur classique habileté de plagiaires adaptateurs, ont appliqué cette idée dans leurs immersibles récens, car Krupp construit actuellement une chaudière qui ressemble comme une sœur à celle de M. Maurice.

En tout cas, l’emploi d’une source d’énergie unique (pétrole ou vapeur), pour la propulsion à la fois en plongée et en surface, est de ces problèmes dont la solution ne saurait tarder, car il répond à des nécessités réelles, et c’est surtout en matière de technique et de science que les besoins créent les moyens et que « nécessité ne connaît pas de loi. »


Les organes qui permettent aux immersibles de se déplacer exactement suivant les trois dimensions de l’espace sont arrivés aujourd’hui à un grand degré de perfection. Le bâtiment étant immobile,