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Chambre des Communes le 21 septembre 1915, en un speech de la meilleure forme anglaise, sobre, lucide, business like, l’un des bons exposés financiers qu’on ait entendus, dit-on, depuis sir William Harcourt, le maître du genre. M. Mackenna y apporte ce qu’on attendait depuis des mois, un large programme de taxes nouvelles et de surtaxes, dont il espère 33 millions pour la fin de l’année, 107 millions (2 675 millions de francs) pour une année entière. Telle de ses propositions sera vivement discutée, c’est le cas de certains droits de douane. L’ensemble est reçu avec une faveur marquée ; in such an hilarious way, note un député. Le Times assure que le gouvernement trouvera toujours « ce même esprit de bonne volonté, quand il demandera des sacrifices égaux à toutes les classes. » La Cité, plus soulagée qu’effrayée, voit dans ce projet, qui ne devait pas tarder à être voté, « un honnête ajustement des charges dues à la guerre. » Si grand est l’optimisme que le ministre s’inquiète, et croit bientôt devoir déclarer que tout n’est pas dit. « L’impression de soulagement qui est née de la modération (sic) de cette loi, spécifie le sous-secrétaire à la Trésorerie, vient sans doute d’une fausse appréciation de l’état des choses. S’il y a de l’argent de reste dans la poche des gens, il nous faudra l’avoir, par emprunt ou impôt… Chacun doit être prêta mettre à la disposition de l’Etat la moitié au moins de son revenu, sous forme de taxes ou de prêts. »

En effet, à l’ouverture de l’exercice 1916-17, M. Mackenna récidive, et dans son budget statement du 4 avril 1916, après avoir exposé clairement l’état des finances britanniques, réclame une fois encore du contribuable un très lourd sacrifice ; le nouveau « tour de vis » fiscal ne devra pas rapporter moins d’un supplément de 150 millions sterling ; encore le ministre s’excuse-t-il doucement de ne pas faire plus dans le sens de la « taxation héroïque, » par crainte civique d’abuser du courage de la nation. Cette fois, l’accueil n’est plus tout à fait sans mélange. On rend justice à la conscience du ministre, on apprécie son compte rendu loyal de la situation. D’aucuns trouvent qu’il aurait pu demander encore davantage à l’impôt ; d’autres qu’il a eu la main un peu lourde. Tous sont d’accord sur l’essentiel, le respect dû aux traditions de guerre, l’appel nouveau à faire aux forces contributives du pays. Ce qu’on discutera, ce n’est pas la surtaxation en elle-même, mais les procédés employés pour surtaxer. Le principe étant admis par tout le monde,