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REVUES ÉTRANGÈRES

LA CONVERSION DE M. H. G WELLS


M. Britling sees it through, par H. G. Wells, un vol. in-18, Londres, librairie Cassell, 1910.


M. Wells est peut-être, parmi tous les conteurs étrangers d’à présent, celui dont le nom nous est le plus familier, et réveille en nous les meilleurs souvenirs : mais il faut bien avouer que sa production nouvelle, depuis déjà une quinzaine d’années, avait beaucoup perdu de son attrait pour nous, — à tel point que les traducteurs ordinaires de l’éminent écrivain anglais semblaient même s’être un peu lassés de nous la soumettre. Pour dire la chose d’un seul mot, cet homme dont l’invention, plus ou moins « scientifique, » nous avait autrefois frappés et divertis merveilleusement, nous était devenu tout à fait ennuyeux. Affilié au socialisme le plus « orthodoxe, » il s’était avisé de prendre terriblement au sérieux des sujets qui, naguère, lui avaient surtout servi de prétextes ou de points de départ pour la libre expansion de sa fantaisie : sans compter qu’à ces sujets il en avait ajouté ou substitué maints autres, qui, ceux-là, se trouvaient fatalement hors d’état de nous intéresser. Anticipations, — Une Utopie moderne, — Que va-t-il arriver ? c’est ainsi que s’étaient appelés maintenant quelques-uns des massifs et copieux « traités » lancés à notre tête, avec une gravité imperturbable, par l’ancien créateur des charmantes figures du cycliste-amateur M. Hopdriver ou de l’Ange forcé, par accident, à prendre pension chez un humble pasteur de village anglais. Ou bien lorsque, parfois, l’austère prophète communiste