DEUXIÈME PARTIE[2]
II
— Dimanche, avait dit Weiss à Reymond, je mène ma fille de l’autre côté de la montagne, chez son grand-père, à Milchpach, où elle fera un petit séjour… Quatre-vingts ans, mon père !… Il a dirigé pendant près d’un demi-siècle une petite filature, créée par lui. Depuis la mort de ma mère, il demeure seul dans notre modeste vieille maison avec Catherine, la bonne, qui existe depuis toujours… Nous arrivons à neuf heures. Pain, café, lait, beurre, miel, à discrétion. Nous parlons au grand-père. Tour de jardin… Après quoi, deux heures de chemin, sous bois, nous mènent à Reichburg où nous goûterons le nectar d’Alsace. Chaque année, mon ami Klug invite les notables de Reichburg, quelques amis du dehors, ses quinze ou vingt vignerons. De midi à cinq heures, repas. Ensuite, une partie de quilles pour faciliter la digestion. Nos repas alsaciens, c’est une chose à voir, meilleure encore à manger ! On conte des gauloiseries en bon dialecte, on se secoue, on prend du courage