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du problème de la défense des transports, mais je me suis trouvé conduit à exposer ce qu’il y a, dans ces solutions fort diverses, de plus essentiel et de plus adéquat aux exigences, aux difficultés qui se présentent, sans cesse grandissantes.


C’est qu’en effet ce péril devient de plus en plus menaçant, auquel on n’avait pas voulu croire… Ce péril que des publicistes imprudens traitaient par le dédain, voire par la moquerie ; ce péril que les autorités navales, chez les Alliés, assurément plus préoccupées qu’elles n’affectaient de le paraître, pensaient combattre efficacement par des moyens ingénieux, — nul n’en doute, — par des moyens, toutefois, qui, ne visant que les symptômes du mal et ses effets immédiats sans aller jusqu’à la source, se trouvaient constamment en défaut, à mesure que le mal s’aggravait et multipliait ses manifestations…

Il faut pourtant bien songer à en finir. Il faut se convaincre que s’il est bon, s’il est utile, — indispensable même, — d’organiser la défense immédiate des paquebots contre les sous-marins en même temps que de créer sur les mers que nos transports parcourent le plus souvent de véritables routes d’étapes militaires, ces sages mesures resteront toujours insuffisantes. Elles le seront même de plus en plus, à mesure que nos habiles adversaires augmenteront le nombre et surtout la puissance individuelle de leurs unités de plongée.

Je ne veux pas entamer, à la fin de cette étude particulière sur la défense des paquebots, une discussion qui viendra sans doute un peu plus tard sur les modalités nouvelles de la guerre sous-marine. Mais je puis dire, dès maintenant, répéter plutôt, car je le disais ici, il y a deux ans, que nous ne réussirons à enlever aux Allemands l’incontestable maîtrise qu’ils exercent non pas sur, mais sous la mer, — la « maîtrise en profondeur » qui s’oppose d’une manière si saisissante à la « maîtrise en surface, » — qu’en allant attaquer méthodiquement, successivement, avec tous les moyens d’action appropriés, les bases navales de leurs submersibles, soit pour les détruire, soit pour en fermer hermétiquement les débouchés.

Je sais que certaines personnes s’efforcent de persuader au public que ce que je demande est impossible, que les côtes de l’Allemagne, — au moins celles de la mer du Nord, — sont inattaquables, que dis-je ! inabordables… J’espère que les