Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 36.djvu/962

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

PAUL LEROY-BEAULIEU


La Revue des Deux Mondes est, une fois de plus, cruellement frappée. Depuis vingt-cinq ans, Paul Leroy-Beaulieu présidait notre Conseil de surveillance : il était le plus ancien de nous tous dans cette grande maison où François Buloz lui avait fait naguère le plus large accueil. Nulle part sa perte ne sera plus profondément ressentie.

Une plume autorisée retracera prochainement l’ensemble d’une œuvre qui tiendra une place si importante dans l’histoire de l’économie politique. Dans l’émotion et la brusque surprise de la douloureuse nouvelle, je ne puis qu’adresser un premier et respectueux hommage à celui qui fut pour cette Revue, comme il l’a été pour son pays, un conseiller toujours clairvoyant, un guide toujours sûr dans sa hardiesse renseignée et prudente.

Nous honorerons ici la mémoire de Paul Leroy-Beaulieu de la façon même qu’il eût souhaitée : en nous conformant à ses enseignemens, qui étaient ceux du plus pur libéralisme. Et nous n’oublions pas qu’il espérait de cette guerre, — à laquelle il avait payé un si dur tribut, — un immense bénéfice matériel et moral pour la France. Il estimait que la Revue des Deux Mondes a un rôle à jouer dans cette renaissance de toutes les activités françaises, en éclairant l’opinion sur chacune des questions nées de la crise actuelle, en groupant toutes les forces intellectuelles du pays, en portant témoignage pour la France devant l’étranger. Cette orientation que Paul Leroy-Beaulieu avait fortement contribué à lui imprimer, notre Revue la suivra sans défaillance, dans l’attente de cette victoire, qu’il appelait de toute l’ardeur de son patriotisme et de toute la force de sa conviction raisonnée.


René Doumic.