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AUX ÉTATS-UNIS
PENDANT LA GUERRE[1]

L'OPINION AMÉRICAINE ET LA FRANCE

II
LE BARREAU — LA PRESSE — LE CLERGÉ — LES FEMMES

Nous avions avec nous, sur l’Espagne, un avocat de New-York, M. Allen, à qui M. Warren me présenta. On eût malaisément trouvé deux hommes, de même provenance et de même culture, formant un plus entier contraste. Autant M. Warren, sous son feutre à larges bords et dans sa grande cape flottante, avait l’allure ample, pittoresque, un tantinet romantique, autant son compatriote, mince et rentré, semblait d’un extérieur à passer inaperçu. Au moral, ils ne différaient pas moins. Tandis que l’on sentait tout de suite chez M. Warren un combatif-né, M. Allen se rattachait plutôt à la race, — plus répandue qu’on ne le croit d’ordinaire, — des Américains méditatifs. Sa conversation était égale, comme sa voix, et toute en nuances. Politiquement enfin, il était du parti opposé à celui de M. Warren : démocrate influent, il avait dirigé les opérations du comité chargé de provoquer les souscriptions nécessaires à la campagne présidentielle de M. Woodrow Wilson, lequel, au lendemain de l’élection, lui fit offrir un poste d’ambassadeur. Par sa distinction d’esprit, par sa connaissance pratique de la plupart des langues européennes, il y eût été

  1. Voyez la Revue du 1er janvier 1917.