Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 37.djvu/753

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne sent moins la grande conception tactique et la manœuvre. Si j’ose dire, on pelote en attendant partie ; on se réserve pour l’heure où le grand mouvement sera en pleine exécution selon le plan stratégique qui domine toutes ces actions particulières.

En attendant, l’armée du kronprinz déblaie sa route ; elle compte enlever Longwy par un coup vigoureux, puis se porter sur Verdun qu’elle assiégera ou masquera, et, alors, d’après les calculs, l’heure sera sonnée (vers le 4 ou 6 septembre) où ses forces intactes, soudées à celles du duc de Wurtemberg, soudées elles-mêmes à l’armée de von Hausen, soudée elle-même à l’armée de von Bülow, se joindront au mouvement en éventail et déboucheront vers Bar-le-Duc pour attaquer en force le centre et l’articulation des armées françaises.

Comme ces indications reposent sur des faits qui se sont accomplis, ils ne laissent guère de place au doute. L’armée du duc de Wurtemberg et l’armée du kronprinz étaient réservées dans la région des Ardennes, non seulement parce qu’elles laissaient au grand mouvement von Klück le temps de s’accomplir, mais parce que leur intervention inattendue devait produire l’événement.


LES DOUZE COMBATS DES ARDENNES

Le détail des marches d’approche et des douze combats qui furent livrés, notamment dans la journée du 22, se trouve dans l’Histoire de la guerre de 1914. Il ne peut être question de le reprendre ici.

En gros, voici ce qui se passa :

A partir du 19, la 4e et la 3e armée française furent averties qu’elles avaient à prendre l’offensive. Le 20 et le 21, des marches d’approche les portent sur la frontière : elles la dépassent et, le 21 au soir, les avant-gardes ont franchi la Semoy et les gros se sont massés approximativement sur la frontière et un peu au-delà, sauf à l’Ouest où la 3e armée replie son bras droit à partir de Longwy et présente un front Longuyon, Pierrepont, Xivry, Bois d’Etain, laissant à l’ennemi la région de Landres et de Briey.

La forme des armées ennemies à cette même date représente une sorte de fer de lance dirigé vers la Meuse et dont