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déploient chaque jour, le moral dont elles font preuve, leur action continuelle sur les blessés, leur bonne grâce qui ne tolère aucune familiarité, et qui leur assure le respect en même temps que l’affection de tous, les mettent tout à fait hors de pair[1]. »

Les infirmières de l’hôpital de l’Institut ont toutes contribue à faire de cette maison un établissement modèle. Les infirmiers ecclésiastiques et laïcs, — tous volontaires et bénévoles, — ont assuré le service de nuit avec une belle émulation, jusque dans l’accomplissement des devoirs les plus pénibles. Les rapports présentés à la Commission administrative centrale, sur le Fonctionnement de l’hôpital entretenu par l’Institut de France à l’hôtel Thiers, ont rendu hommage à ces personnes de bonne volonté et de grand zèle, ainsi qu’à Mme Pierre Azaria, à Mme Auguste Broca, chargées du service de l’économat, à Mme la doctoresse Houdré, à Mlle Wolff, externe des hôpitaux. ;

Il y a un sujet particulièrement émouvant, sur lequel ce rapport, à cause de l’excessive modestie de l’auteur, n’insiste pas assez, et qu’il faut ici mettre en lumière. La sollicitude paternelle de l’administrateur de l’hôpital de l’Institut a su s’étendre bien au-delà des murs de l’hôtel Thiers et veiller à ce qu’on entourât des plus touchantes marques de la reconnaissance nationale les tombes des braves que la science et la charité, travaillant de toute leur âme et d’un commun effort, n’avaient pas pu guérir. Toutes les fois qu’un cortège funèbre s’est formé devant la grande porte de l’hôpital, pour accompagner à sa dernière demeure, avec les honneurs militaires, un soldat mort de ses glorieuses blessures, on a vu l’administrateur suivre jusqu’au cimetière de Pantin le cercueil recouvert du drapeau tricolore. Et là, tête nue, devant la fosse ouverte dans la terre de France pour l’éternel repos d’un défenseur de la patrie, l’historien des premiers rôles de la grande tragédie impériale évoquait l’image des plus humbles héros de l’épopée d’aujourd’hui. À ceux-ci comme à ceux-là il offrait le même talent, soucieux de vérité pure, infiniment scrupuleux dans la recherche du document qui prouve et du trait qui précise et de l’expression pittoresque qui fixe dans la mémoire de l’auditeur ou du lecteur une image désormais inoubliable. En consacrant ainsi aux bons serviteurs du pays, aux chers enfans dont il

  1. Mlle Guillier, ayant quitté l’hôpital pour servir aux ambulances du front, a été dignement remplacée par Mme Hillier.