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VI

Tandis que l’aile droite de Broussiloff remportait la victoire du Styr, l’aile gauche frappait pareillement un coup sévère sur l’armée Pflanzer-Baltin. Celle-ci comptait au début de l’action 9 divisions d’infanterie et 4 de cavalerie. Après sa rupture entre le Dniester et le Pruth, elle s’était repliée à l’Ouest sur le front Horodenka-Sniatyn. Elle y est signalée le 17 juin par les correspondans allemands. Mais ce jour-là même, Czernowilz tombait. Trois divisions autrichiennes s’enfuient vers les Carpathes. L’extrême gauche russe sur leurs talons passait le Sereth le 20 juin, occupait Radautz le 21, Gora-IIumora le 22, Kimpo-lung, le 24 au soir. La Bukovvine entière était conquise en six jours. Pour parer aux conséquences du désastre, Pflanzer-Baltin reçut deux divisions allemandes, l’une la 105e, rappelée des Balkans, l’autre la 119e, détachée du front de Smorgoni ; on lui donna également trois divisions autrichiennes du Trentin, la 44e, la 57e et la 59e.

La perte de la Bukowine rendait sur la rive Nord du Pruth la ligne Horodenka-Sniatyn très dangereuse à tenir. En effet les Russes, au Sud de ce fleuve, faisaient maintenant un changement de direction et marchaient face à l’Ouest, en remontant les rivières. Sur la haute Suczawa, ils étaient le 22 à Straza. Par le haut cours du Sereth, ils avançaient vers Kuty, qui était enlevé le 23. Dans ces conditions, les troupes austro-allemandes qui tenaient l’intervalle entre Pruth et Dniester durent se replier une seconde fois sur le barrage formé entre ces fleuves par la ligne de la Czerniava et du Czertoviec. Le 21, les Russes sur le Pruth enlevaient les deux villages de Kilikhov et de Touloukov ; puis le 26 celui de Doubovetz, c’est-à-dire l’ensemble des avant-positions. Sur le Dniester, les Cosaques franchissant le fleuve à la nage vers Snovidov, entre la Strypa et le Koropiec, occupaient sur la rive Sud les deux petits villages de Petrov et de Sieverse (26 juin). Enfin le 28, toute la ligne ennemie était rompue, trois lignes de tranchées étaient emportées, 10 000 prisonniers restaient aux mains des Russes. L’ennemi était si bien battu que, le lendemain 29, les Russes entraient à Kolomea, à quatre lieues en arrière du champ de bataille.