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Outre les instrumens d’optique utilisés par l’infanterie, l’artillerie en emploie d’autres qui lui sont plus particulièrement nécessaires à cause des distances plus grandes auxquelles elle tire. Tout d’abord, elle emploie différentes lunettes assez analogues aux lunettes astronomiques et notamment des lunettes de batterie d’assez forts grossissemens et qui servent à apprécier certains élémens du tir.

Dans beaucoup d’observatoires d’artillerie, on emploie aujourd’hui des lunettes assez puissantes, qui permettent d’observer des objectifs lointains et de régler sur eux le tir des canons. Une vieille méthode classique, le repérage des batteries par les lueurs, y est appliquée concurremment ; le principe bien connu de cette méthode est simple : si lorsqu’une pièce ennemie tire, et de préférence la nuit, on observe sa lueur de deux observatoires suffisamment écartés l’un de l’autre et que l’on reporte sur la carte les directions suivant lesquelles on a observé cette lueur respectivement aux deux stations, il est clair qu’elles se recouperont à l’endroit de la carte où se trouve la pièce. Cette méthode élémentaire n’est pas d’une application aussi aisée qu’on le pourrait croire, car on a soin le plus possible de « défiler les pièces aux lueurs, » comme on dit dans le jargon d’artilleur, c’est-à-dire de les placer derrière un masque naturel ou artificiel suffisamment élevé ; néanmoins, il est des cas, provenant de la nature du terrain et de la position des observatoires, où on aperçoit les lueurs, et la méthode précédente est alors applicable. Elle donne de bons résultats grâce à des dispositifs assurant une précision satisfaisante dans la détermination exacte des directions de visée et qui relèvent de l’optique, mais qu’on voudra bien nous excuser de ne pas décrire ici.

La détermination des distances des objets éloignés sur lesquels elle tire est avant tout nécessaire à l’artillerie. Elle la réalise grâce aux télémètres dont le nom indique suffisamment la destination.

Tous les télémètres employés dans les armées et dans les marines belligérantes sont des appareils optiques établis d’après le principe de la triangulation.

C’est par une triangulation que les astronomes mesurent la distance des astres à la Terre ; pour la Lune, par exemple, des observateurs se placent à deux endroits de la Terre très éloignés l’un de l’autre et visent, à un instant donné, un point de la Lune ; connaissant l’angle