Quand on jette un coup d’œil rétrospectif sur les événemens qui se déroulent depuis trente mois, on reconnaît que les principes directeurs des opérations maritimes ont subi des fluctuations singulières. Ces principes étaient, au prime début, fort différens de ceux que l’on se trouve présentement obligé d’appliquer et plus encore sans doute de ceux dont on peut prévoir l’application prochaine.
De quoi s’agissait-il donc, quand la guerre a éclaté, pour les armées navales qui se trouvaient engagées dans le conflit ? L’anglaise, ne sachant pas bien encore quelle politique de guerre adopterait un gouvernement que certaines attaches pacifistes faisaient vaciller dans ses généreuses résolutions, ne prétendait qu’à barrer le Pas de Calais à l’ennemi et à couvrir efficacement le passage de la « force expéditionnaire » qui allait, probablement descendre sur le sol français.
La nôtre, imbue de l’exclusive doctrine de la guerre d’escadres et constituée exclusivement pour la grande bataille en haute mer, se voyait brusquement « en l’air, » ne trouvant plus, — fort heureusement, du reste, — à la portée de sa main l’adversaire que les alliances officielles lui désignaient et qui, au demeurant, se serait certainement refusé à lui fournir bénévolement l’occasion d’une rencontre décisive. Bientôt la flotte française allait être sollicitée en sens inverse, par l’intérêt de la poursuite du Gœben et du Breslau, d’une part ; de l’autre,