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esprit les mines de l’Anjou et notre bassin de Saint-Etienne travaillent à force. Des mines nouvelles sont sur le point de produire du minerai en Normandie. Cependant, ce moyen ne constituera, de toute façon, qu’un palliatif tout à fait insuffisant. Où pouvons-nous, dans ces conditions, nous adresser pour obtenir les têtes qui nous seraient si utiles ? Les États neutres sont tellement occupés à construire des navires et ils ont tellement intérêt à ne pas susciter de concurrence dans le domaine maritime que leurs marchés nous demeurent pratiquement fermés. Encore une fois, c’est vers l’Angleterre, notre généreuse alliée, que nos regards doivent se tourner.

Nous ne nous dissimulons pas que la Grande-Bretagne se trouve elle-même aux prises avec de grandes exigences industrielles. Elle doit faire face à la constitution et à l’entretien d’un matériel gigantesque. Elle aussi perd tous les jours des navires au service de la cause des Alliés et elle a le devoir de remplacer ses unités disparues. Je n’ignore pas, en outre, toute l’ampleur de l’aide matérielle que les usines du Royaume-Uni apportent à nos armées combattantes, et il serait peut-être indiscret de lui demander encore d’augmenter l’importance d’un secours dont nous lui sommes si profondément reconnais-sans. Ceci est l’affaire de notre diplomatie qui aura le tact de ne solliciter que ce qui peut lui être raisonnablement accordé, et je suis le premier à rendre hommage, à cet égard, à la façon dont notre ministre de la Marine, l’amiral Lacaze, et M. Nail, sous-secrétaire d’État à la Marine marchande, ont conduit les négociations.

Je veux dire un simple mot de ces négociations. Elles ont débuté par une assurance donnée à la Chambre syndicale des Constructeurs de navires, le 7 mars 1916, que « le gouvernement serait disposé à procurer aux chantiers, dans une mesure aussi large que le permettraient les circonstances, du personnel, ainsi que toutes facilités pour l’approvisionnement en matières premières. » Or, malgré une active correspondance, la Chambre syndicale n’a pu encore obtenir satisfaction sur le principe même de livraison des matières premières. Je ne doute pas que le Gouvernement n’ait fait tout ce qu’il était en son pouvoir de tenter, mais nous sommes enfermés dans ce dilemme : nous ne pouvons fabriquer de têtes en France parce que nos territoires sont occupés par l’ennemi et que notre production est absorbée