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qui doit y pénétrer, en partant de nos possessions africaines du Nord. L’Algérie et la Tunisie parut en 1887, le Travail des femmes au XIXe siècle en 1873, etc.

La supériorité, le grand attrait de ce groupe de travaux est de toujours contenir des idées que l’auteur a vécues. Pour les finances, par exemple, il n’écrit qu’après être demeuré, depuis 1871, sur la brèche, mêlé à tous les grands débats concernant les impulsa créer, les emprunts à émettre, les budgets à régler, signalant inlassablement les progrès à réaliser et les fautes à éviter, exerçant par-là une considérable influence sur l’opinion, et quelquefois même sur les actes des gouvernemens. Tout le monde, d’ailleurs, se souvient de l’énergie qu’il déploya au cours des dernières années qui précédèrent la guerre actuelle, pour dénoncer les déficits croissans, les obscurités de la comptabilité, les gaspillages sans limite, intitulant ses articles : « le gouffre des dépenses, » « le débordement des charges publiques, » « le pillage des budgets, » etc. Lui seul a paru l’oublier, depuis que, patriotiquement, sans récriminations, sans regarder en arrière, il se consacra tout entier à dénoncer les crimes de la « nation satanique. »

Il s’appropria, de même, pour ainsi dire, la question coloniale, non seulement par ses études, mais par ses placemens et ses voyages dans l’Afrique du Nord, où il se rendait annuellement, y possédant et y dirigeant, avec le concours d’associés, un domaine d’exploitation agricole et viticole de 3 000 hectares, à Schuigguy, en Tunisie.

Son dernier ouvrage l’honore particulièrement. Ce n’est plus un simple livre d’érudition destiné à compléter la collection de ses travaux économiques. C’est un cri d’alarme, jeté par le maître, qui, depuis trente ans, suit avec émotion les mouvemens de la natalité, dans la Revue des Deux Mondes, dans l’Économiste français, au Collège de France, cri d’alarme provoqué par la recrudescence du mal, que révèlent les statistiques de 1911. De là son livre sur la Question de la population du début de 1913. Il en lut les épreuves à l’Académie des Sciences morales et politiques, dès le 25 janvier 1913 : « A l’heure actuelle, disait-il, il ne s’agit plus pour la France de population stationnaire, ce qui serait déjà un très grand mal. Il s’agit maintenant d’une population déclinante, et dont le déclin serait appelé à s’accentuer d’une manière progressive et