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Je me borne à rappeler les principes essentiels : qu’il ne faut entamer l’opération de bombardement que lorsque tous les moyens d’action ont été amenés à pied d’œuvre et abondamment pourvus de munitions de toute espèce ; qu’une fois commencée, cette opération doit être poursuivie avec la plus grande intensité de feu possible, avec continuité surtout, afin d’empêcher l’adversaire de réparer les dommages causés ; enfin que le bombardement doit être prolongé et terminé, si faire se peut, par une descente rapide de contingens spéciaux, — marins et troupes du génie, — ayant pour mission de compléter les destructions d’ouvrages de fortification ou d’établissemens militaires essentiels. J’ai déjà eu l’occasion d’observer que l’homme seul détruit avec intelligence.


Arrivons, cela dit, à la question qui préoccupe particulièrement les esprits, en ce moment : à l’influence des engins de la guerre sous-marine dans les opérations d’attaque d’un littoral défendu. Cette influence est considérable : aux yeux de beaucoup de personnes, aux yeux, en tout cas, des marins dont l’opinion pèse sur les déterminations des gouvernemens, il ne s’agirait de rien moins que de supprimer radicalement toute possibilité d’attaque de la côte ennemie par la force navale. Et il est assez intéressant de noter combien il serait dangereux pour le sort futur des très coûteux colosses récemment descendus de tous les chantiers du monde que l’opinion publique les jugeât définitivement inaptes à cette guerre de côtes, qui reste logiquement la phase ultime d’un conflit comme celui-ci. Bien loin de les réserver jalousement et, si je puis me permettre cette expression familière, de les mettre sous verre, il conviendrait au contraire, en prenant toutes les précautions nécessaires, précautions que je vais discrètement indiquer, de les montrer au public en pleine et utile action contre le front de mer de l’adversaire. Car il ne faut pas se méprendre sur le silence de ce public, qui, a quelque peine à considérer le blocus « lointain » comme un blocus vraiment effectif.

Or ce blocus vraiment effectif ne pourrait être réalisé qu’à la condition d’une participation plus complète, plus active, plus continue, des escadres de ligne aux opérations côtières. Espérons que l’attitude prise tout récemment à l’égard de l’Allemagne par le gouvernement des Etats-Unis aura du moins, — si la guerre