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650 kilomètres. Il en alla tout autrement lorsque les quatre vaisseaux allemande jusqu’alors opposés au seul navire belge trouvèrent en face d’eux les canonnières fournies par la Grande-Bretagne. Ce fut le résultat d’un prodigieux effort. A travers le continent africain ces canonnières, parties du Cap, parcoururent d’immenses étendues par chemin de fer, continuèrent en camions automobiles, puis lorsque les routes devinrent trop mauvaises durent achever le voyage traînées sur des chariots à bœufs. Elles atteignirent ainsi le grand lac intérieur et sans tarder livrèrent, sous la direction des Belges, une suite ininterrompue de combats navals. Le Hedwige von Wissman fut coulé et la canonnière Kingavi dut abaisser son pavillon.

Plus au Sud, les forces de Rhodésie insuffisantes pour garder leur frontière reçoivent, en septembre 1914, l’appui d’un détachement belge que commandent le colonel Olsen et le major de Coninck auxquels succède, ensuite, le lieutenant-colonel Moelaert, chef d’un fort contingent.

Dans cette période, le siège du poste de Saisi se détache parmi les nombreux incidens qui eurent lieu sur les confins de Rhodésie. Le 24 juillet 1915, 20 blancs tant anglais que belges et 450 nègres leurs soldats, armés de 2 canons et 2 mitrailleuses, sont attaqués par 2 000 Allemands et indigènes munis de plusieurs canons et 10 mitrailleuses. Le siège, marqué par des assauts sauvages, répétés avec un fanatisme inouï, dura cinq jours. Les nôtres souffraient horriblement de la soif car leurs réserves d’eau s’épuisaient. Finalement, après avoir semé le pourtour du fort de 70 cadavres des siens, à compter les seuls blancs, l’adversaire dut se retirer. Survint, à cet instant précis, un bataillon belge qui put relever la garnison délivrée.

À cette époque (décembre 1914), une colonne Sud-Africaine arrivait dans le Nyassaland. Forte de 1 000 fusils elle avait d’abord dû parcourir avec le lieutenant-colonel M. H. Hawthorn 1 600 milles[1] ! pour se placer entre les confins portugais et rhodésiens en vue de reconquérir la « route de Stevenson » qui relie le Nord du lac Nyassa au Sud du Tanganyka. Ainsi, se dessinait un des dernier segmens du vaste anneau qui encerclera les Allemands.

  1. Un mille vaut 1,609 mètres.