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répétés. Tout l’héroïsme des soldats ne put obtenir une décision quand, à l’aube du deuxième jour, on constata que, demeuré maître de la position, l’ennemi ne venait pas moins de l’évacuer. Se portant aussitôt plus en avant, les Anglais occupent le col de Latema et y établissent leur camp.

Il n’est pas toujours confortable de vivre dans la brousse ! À ce propos, un Afrikander écrivait à sa sœur : « Ceci est un affreux pays pour y combattre…, c’est une masse de broussailles et de buissons épineux, au milieu desquels vous pouvez marcher droit sur l’ennemi sans être vu. La nuit dernière, on m’a envoyé patrouiller sur les collines. Le Kilimanjaro, au clair de lune, était splendide avec son pic neigeux. Mais, vraiment, le travail était plutôt émouvant, car l’endroit était farci de « rhino » et de lions, et nous devions nous tenir en plein air et sans feu. Nous entendions les fauves rugir à nos côtés et aussi bien d’autres bruits de la vie animale. Tout ceci est très bien, mais très effrayant… » — Le général Smuts lui-même n’échappa pas à ces inconvéniens, car il lui arrivait pendant toute une nuit d’être assiégé dans son automobile par des lions irrités et d’être obligé de se défendre à coups de revolver.

Poursuivant son avance, van De venter occupe Moschi, le 13 mars, tandis que la IIe division se concentre à Taveta.

Cependant, la Ire division avec le général Stewart quitte Gerraragua, mais rencontre de grandes difficultés de transport. Des embuscades lui coûtent 13 morts ; une attaque de 600 Askaris allemands est repoussée, malgré la traîtrise des officiers ennemis qui font, dans un moment particulièrement difficile, sonner l’air de la retraite anglaise.

Le général Sheppard va de l’avant, tandis que van Deventer, avec deux brigades de cavalerie, veut traverser la torrentueuse Pangani. Les Allemands tenaient solidement la station de Kahe, mais, une fois de plus, une manœuvre enveloppante rendit vaine toute résistance, et van Deventer passa le fleuve. Ainsi, la ligne de la Ruwu se trouve découverte et l’ennemi en comprend l’importance. Après un bombardement préalable[1]il voulut lancer plusieurs contre-attaques mais, finalement, contraint à reculer il abandonne un de ses deux 105.

Ainsi, le principal noyau de la résistance opposée aux Anglais

  1. Deux des 105 du Kœnigsberg y prirent part : l’un établi sur un truck du chemin de fer, l’autre sur position fixe.