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détache un de ses régimens, le 4e, vers les positions conquises qui dominent la partie septentrionale du lac Kivu, c’est-à-dire les monts Goma en territoire belge, les hauteurs de Lubafu, Alikolo, Tchandjarue et Mirasano, en territoire allemand et faisant face aux retranchemens ennemis sur la rivière Sebea. Les troupes de terre doivent en outre être appuyées par des forces navales que constituent des embarcations armées, en particulier la canonnière Paul Benkin et le monitor de reconnaissance Chilcago. Quant à l’autre partie de la brigade Molitor, le 3e régiment, il se trouve entre Rutshuru et Kigezi.

Le plan général d’action est d’une grande simplicité. certains effectifs partant de l’Ouganda anglais[1], le front d’attaque dessine un angle droit et les deux brigades vont agir et chacune sur une des branches, l’enfonceront, puis opéreront une marche parallèle vers Tabora. Alors, le détachement Moulaert venant du Tanganyka et la brigade Crewe descendant du Victoria Nyanza permettront d’exécuter une attaque concentrique, qui décidera du sort de la capitale.

La ligne de communication de la brigade Nord (colonel Molitor) va de Rutshuru à Kibati. Elle est représentée par une route qui serpente au milieu d’un admirable décor où dominent des cônes volcaniques à tête chauve. Au loin, le bruit d’une canonnade, celui que produisent les cataractes des rivières. La plaine de lave rend la région impraticable. Un seul chemin, construit en temps de paix au prix de rudes travaux, arrive du territoire allemand aux passes du Mont Hehu, puis atteint la route de Kibati. Une redoute commandait ce col de montagne, et c’est là qu’il arrivait un jour, détails que je tiens, comme une partie de ma documentation, du commandant Cayen, au sergent indigène Bunza, qui défendait l’ouvrage avec 50 hommes, d’être attaqué par 300 Allemands munis de deux mitrailleuses et d’un canon. Sommé de se rendre avec la promesse d’être bien traité, il entendit les Allemands lui dire que, d’ailleurs, il se trouvait sur leur territoire. Bunza se contenta de répondre : « Si je suis sur ton territoire, viens le prendre ! » et divisant ses

  1. Les Belges eurent ainsi l’occasion de constater une fois de plus, sous un de ses aspects les plus sourians, le génie colonisateur des Anglais qui se manifeste jusque dans les moindres détails. Ainsi, Kabale, la première station de l’Ouganda que l’on rencontre en venant du Congo, est une charmante petite ville, sillonnée d’avenues ombragées. Elle possède des lincks pour le golf, un terrain de football, des courts de tennis.