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Pendant dix-neuf longues journées, on se bat avec rage, et septembre 1916 comptera dans les annales des guerres exotiques. Le 19 septembre, Tabora tombe et ses abords sont couverts de cadavres par centaines. A dix heures et demie du matin, le lieutenant Raedemaekers entrait dans la ville avec le premier détachement belge. Puis, le capitaine Pieren occupe le fort, tandis que le capitaine Jacques y arbore les couleurs nationales. Dans l’après-midi, ensemble et dans une émouvante pensée de confraternité toutes les troupes, celles venues du Nord, celles arrivées par le Sud, entrent simultanément dans la ville. Les routes aboutissant dans Tabora présentent un aspect singulièrement animé. Troupes en marche, batteries de montagne et mortiers passent entre une double haie de porteurs dont les caravanes sont arrêtées ; à l’ombre d’un arbre, des officiers se reposent ; au coin des chemins, des poteaux indicateurs dont l’un indique : « Muansastrasse ». 189 Européens délivrés accourent au-devant des vainqueurs et racontent les tourmens de leur captivité. Ne furent-ils pas contraints à la corvée d’eau, à la corvée de vidange sous la surveillance d’askaris qui les appelaient « Basendji na Bulaya, » esclaves d’Europe !

La campagne se poursuit et c’est le moment, avant de conclure, d’en résumer l’ensemble au lendemain des événemens que l’on vient de lire. Les Allemands subissent la poussée constante de toutes les colonnes, — onze, — dont chacune eût mérité son histoire, plus complète. Deux derniers centres de résistance doivent être emportés, l’un à Mahengé sur les bords de la Ruaha, l’autre sur la basse Rutiji. Les vaincus échappés de Tabora tentèrent de rallier le poste de Mahengé, mais ils furent battus, le 13 novembre à Impende, puis obligée de capituler, le 25, plus au Sud, à 68 milles au Nord-Ouest de Neu-Langenburg. Les Anglais firent alors 500 prisonniers, dont 47 Européens allemands et 7 officiers.

Le 1er janvier, Smuts ordonne à ses brigadiers Sheppard, Lyall et Cunliffe d’attaquer avec leurs troupes nigériennes sur les bords de la Mgeta. En même temps, à l’Ouest, la colonne venue du Nyassaland assaille les Allemands. L’encerclement se développe avec une méthode pleinement, efficace. L’ennemi devait abandonner encore un hôpital avec 46 blancs et 200 indigènes, tous blessés.

À ce moment, le lieutenant général Smuts quitta son