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REVUE SCIENTIFIQUE

INDUSTRIE ET SCIENCE

Nous avons vu comment les instrumens d’optique, qu’on croyait naguère bons tout au plus à satisfaire les goûts bizarres de quelques amateurs du point de vue de Sirius, et dont le bonhomme Chrysale ne voulait même pas dans son grenier, se sont trouvés des auxiliaires précieux des guerriers et leur ont fourni des armes dont ils se passeraient difficilement.

Ainsi nous avons apporté une démonstration de plus de cette vérité aujourd’hui… un peu tard… banale, que cette guerre est une lutte de science. On devrait dire plutôt qu’elle est une lutte de science appliquée, c’est-à-dire d’Industrie.

A vrai dire, en considérant ces deux expressions comme synonymes, je prends un peu mes désirs pour des réalités ; il n’en est pas moins vrai que l’industrie de l’avenir sera scientifique ou ne sera pas, et qu’une des raisons des victoires économiques de l’Allemagne avant la guerre est qu’elle a su rendre son industrie scientifique ou, plus exactement, industrialiser sa science. La délicate industrie du verre, qui réalise précisément tous les instrumens d’optique dont nous avons parlé, va nous en fournir un exemple décisif, et nous dévoiler quelques vérités qu’il sera bon de ne pas perdre de vue, si nous voulons qu’à notre victoire sur le champ de bataille fassent écho plus tard les victoires pacifiques du travail.

On m’excusera d’aborder, dans ce qui va suivre, des choses de prime abord assez terre à terre et aussi peu romanesques que possible. Mais il est de plus en plus nécessaire au pays de jeter un pont, d’opérer une « liaison » continue entre le savant et l’artisan. Ce mot